Le grand public a une bonne image des agriculteurs et leur fait largement confiance, même si les sondages montrent une inflexion de celle-ci. Pour parler de leur métier, les exploitants comptent d’abord sur eux-mêmes et multiplient les initiatives.

Ainsi 628 fermes ont pris part à l’opération de « Ferme en Ferme », le dernier week-end d’avril. Cette initiative, lancée avec succès en 1993 dans la Drôme, est déclinée chaque année dans 22 départements, plutôt situés au sud de la Loire. Organisée au sein du réseau des Civam (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), elle a réuni plus de 300 000 visiteurs sur 106 circuits (100 000 visiteurs dans la Drôme).

Les agriculteurs participants ont suivi une formation pour faciliter les échanges sur l’agriculture durable, « résiliente ». Des dépliants décrivent les circuits, randonnées, visites guidées, dégustations et ventes de produits fermiers. Disponible sur Twitter (#defermeenferme), un film résume l’état d’esprit : découvrir des fermes, se faire plaisir, échanger sur les réalités du métier, créer du lien. Pour certains agriculteurs, « c’est l’occasion de faire le grand ménage de printemps sur la ferme ». Et, en amont, de travailler en réseau pour peaufiner l’accueil. Selon Vincent Dulong, directeur du réseau des Civam, « il ne s’agit pas que de communication. C’est de la concertation avec les consommateurs qui parlent environnement, santé, alimentation, et avec les élus qui réfléchissent à l’approvisionnement de proximité ». Dans le même esprit, l’association Au cœur des paysans associe passion de la randonnée et visites de fermes.

Sensibiliser les enfants

L’opération « Fermes ouvertes » cible les écoliers. Pour sa 27e édition, 34 départements se sont mobilisés afin d’accueillir 2 500 à 3 000 classes de primaire, du 15 au 20 mai. Cette opération, organisée par des bénévoles, bénéficie de l’appui de la FNSEA et de 34 partenaires (organismes agricoles et para-agricoles, interprofessions…). Chaque visite est préparée en amont avec l’enseignant, à qui un livret pédagogique est remis.

L’association Agriculteurs de Bretagne est née en 2012. À l’époque, une enquête d’opinion montre que les agriculteurs se sentent mal aimés par la population, alors que les Bretons avouent un attachement profond à leur agriculture. L’ambition des fondateurs : redonner la parole et de la fierté aux 68 000 actifs agricoles bretons. Ils lancent une marque, « Agriculteurs de Bretagne », et un slogan, « Bien plus que vous nourrir ».

L’action phare de l’association est une journée portes ouvertes « Tous à la ferme ». Elle a lieu chez une trentaine d’exploitants, le même jour (prochain rendez-vous le 25 juin). Ils furent 19 000 à se déplacer l’an passé, en prio­rité « pour échanger avec l’exploitant avant même de voir les animaux ou de participer aux dégustations ».

Tout au long de l’année, les adhérents vont à la rencontre du grand public (Space, festival des Vieilles Charrues…). L’association peut s’appuyer sur une vingtaine d’agriculteurs témoins formés à la communication, et sur un relais dans la presse régionale. À ce jour, 1 700 agriculteurs et sympathisants adhèrent à l’association, qui est soutenue par 96 entreprises et organismes de la filière agricole et agroalimentaire. Elle emploie 3 salariés, dispose d’un site internet, et est présente sur les réseaux sociaux. En cinq ans, Agriculteurs de Bretagne s’est imposée comme une marque de qualité. Pour preuve, dit-elle, il ne se passe pas une semaine sans une sollicitation pour un partenariat. À l’exemple du groupe Idec, qui lui a donné de la visibilité sur son maxi-trimaran lors du Trophée Jules-Verne.

Autre exemple : Passion Céréales, association créée en 2006 et financée par l’interprofession céréalière. Quels sont ses projets ? Tout d’abord, la formation à la communication. « Nous organisons des formations gratuites, durant une journée et en région, à la demande de groupes de 6 à 15 agriculteurs. En sept ans, 600 agriculteurs y ont participé. En complément, nous lançons cette année des web-conférences de 40 minutes », explique Olivia Ruch, directrice de Passion Céréales. La première d’entre elles s’est tenue le 19 avril sur le thème « Expliquer son métier en milieu scolaire ». Elle a attiré 80 personnes. Celle du 17 mai, « Les différents modes de production : savoir en parler sans les opposer », comptait 160 inscrits. La troisième conférence gratuite traitera des relations à la presse, le 7 juin (1).

Des slogans positifs

Passion Céréales met à disposition des supports d’informations sur le métier. En 2016, 80 000 autocollants à disposer à l’arrière des remorques ont été diffusés. L’objectif : faire patienter les automobilistes avec des slogans comme « Ma remorque pleine de blé tendre = 50 000 baguettes ». L’association s’adresse aussi directement aux enseignants. Elle leur propose des outils pédagogiques sur son site et vient de lancer MonChamp.fr, qui met en relation des champs (via les agriculteurs) et des classes de CM1, CM2 et 6e. « Nous avons créé un réseau d’une cinquantaine d’ambassadeurs sur tout le territoire. Ils sont disponibles lors du Salon de l’agriculture ou pour les médias régionaux lors des moissons. Beaucoup considèrent que parler de son métier, ça fait partie du métier », conclut Olivia Ruch.

(1) Ouverture des inscriptions le 19 mai sur le site de Passion Céréales.