Quatre mois après le début de la campagne de commercialisation, les exportations de blé tendre français vers pays tiers ont déjà chuté de 28 %. Elles atteignent péniblement moins de 2 millions de tonnes (Mt) contre 2,7 Mt l’an dernier à la même date. « On observe un recentrage des approvisionnements. Le marché intérieur est servi en priorité », explique Olivia Le Lamer, responsable de l’unité Grandes Cultures de FranceAgriMer. Ainsi on remarque déjà une baisse de près de la moitié de volumes expédiés vers le Maroc et de 40 % vers l’Afrique subsaharienne. En Algérie, premier acheteur de blé tendre français, les expéditions accusent une chute de 44 %. En 2015-2016, près de 80 % des blés tendres communautaires achetés par l’Algérie étaient d’origine française. Cette année après deux mois de campagne, l’origine France ne représentait que 46 % de ses achats. En Europe, c’est l’Allemagne qui en a profité. Le pays a multiplié ses ventes vers l’Algérie par cinq par rapport à l’an passé. La Pologne s’installe progressivement sur le marché algérien : le pays représentait seulement 3 % de ses achats européens en 2014-2015, puis 11 % l’an passé pour enfin atteindre les 15 % en septembre 2016. Ce qui prouve l’élargissement des approvisionnements, en réponse à la moindre présence française sur le marché.
Relativiser
« Cette chute d’expédition vers les pays tiers est à relativiser. Les volumes de blé exportés augmentaient chaque année jusqu’à 2016. Il n’y a pas de raison que cette tendance ne reparte pas l’an prochain », affirme Olivia Le Lamer. En outre, la France a multiplié ses ventes vers des pays inédits comme ceux d’Asie (Vietnam en particulier), où les volumes expédiés ont été multipliés par six. Ainsi, si certains marchés sont sans doute à reconquérir, la France reste un acteur incontournable sur le marché mondial du blé tendre. Et les opérateurs considèrent toujours la France comme un fournisseur peu risqué.