Pris dans les encombrements, jeudi dernier, entre la grève et la montée des eaux, j’ai voulu demander vendredi matin à mon ordinateur où en était le monde. Ce qui me sauta aux yeux, c’était qu’Arnold Schwarzenegger, acteur et politicien bien connu, s’était fait prendre en chasse par un éléphant, que la scène valait tous les films auxquels il avait participé, et qu’ensuite certains de ceux qui l’accompagnaient avaient été contraints de changer de pantalon. Insistant dans ma recherche, j’ai compris également qu’au long de la Marne, bien des gens, les jambes dans l’eau, avaient dû aussi de changer de pantalon pour des raisons nettement plus sérieuses. Je me suis demandé si, de même qu’on nous avait appris à faire le tri des objets dont on se séparait, on ne pouvait pas s’aviser de faire un tri des informations au vu de leur priorité ! Il arrive parfois, c’est vrai, que le tri se fasse tout seul au fil des vents. Nous en étions à la commémoration de Verdun, que déjà la CGT nous avertissait de l’arrêt des trains, ce que relayait la grève des transports aériens, sans relation d’ailleurs avec la loi travail, et voilà que les gens s’agglutinaient sur le pont de l’Alma pour voir l’eau monter jusqu’à la tête du zouave. Manifestement, notre attention est aimantée par les ennuis et catastrophes, et quand nous sommes en manque nous nous attardons aux insignifiances. Pourtant il ne serait pas vain parfois que nous prêtions attention à ce que les évènements peuvent nous apprendre en termes de solidarité, dont on fait grand cas, souvent plus dans les propos que dans les actes. Or cette fois on ne s’est pas contenté de crier « Que d’eau, que d’eau ! » de son balcon, mais l’entraide, en jouant à plein, a semble-t-il permis, tout en liant les amitiés et connaissances, d’éviter que de graves ennuis ne tournent au drame.