Écrire une lettre, un moyen de communication obsolète ? Pas du tout. Les agriculteurs du Pays Loire Beauce, dans le Loiret, ont remis au goût du jour l’art épistolaire pour échanger avec les habitants de la région. L’idée est de prendre sa plume pour faire parler un élément de la nature, plus spécifiquement un élément du territoire de la Beauce, qui devient l’expéditeur de la lettre. « On peut mettre en scène le vent, une vieille charrue qui ne servirait plus, ou un grain de maïs. L’important est de parler de l’agriculture d’aujourd’hui, faire sentir et connaître notre rôle. Grâce à ces lettres, nous voulons susciter le dialogue entre les agriculteurs et les consommateurs », indique Frédéric Gond, céréalier à Tavers, dans le Loiret.

 

Agriculture et culture

Tous les agriculteurs sont invités à écrire, de la simple carte postale jusqu’à deux pages. Deux écrivains publics peuvent aider ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’écrit. À partir du mois de juin, les lettres seront distribuées à des citoyens, des associations culturelles, des écoles... pour appeler des réponses.

Pour ce projet, nommé « Envolée de lettres du pays », les agriculteurs se sont rapprochés d’une troupe de théâtre, Les Fous de bassan ! « Nous travaillons sur la correspondance pour éviter les cloisonnements. Nous souhaitons que les mondes de la culture et de l’agriculture soient plus poreux », explique Christian Sterne, metteur en scène et comédien. Les lettres seront ensuite transmises à des artistes, qui les adapteront sous forme de saynètes. Guidés par des agriculteurs, les habitants les découvriront lors de trois dimanches festifs en 2017. Les agriculteurs du pays et la troupe n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Entre 2012 et 2015, ils avaient collecté 437 lettres et 40 d’entre elles avaient été interprétées lors de quatre week-ends. Près de 2500 personnes avaient alors découvert l’agriculture sous un nouvel angle.