Aux premiers flocons de neige, Lilian Gaillard, 45 ans, éleveur laitier installé en Gaec avec son frère à Méaudre, dans le Vercors isérois, n’a qu’une idée en tête : chausser ses skis de fond. Entre deux traites, bonnet sur la tête et bâtons aux mains, il part à l’assaut des pistes enneigées à 2 km de sa ferme, « pour décompresser ». Difficile pour lui d’oublier cette « agréable sensation de glisse » qui l’a conduit au sommet à la fin des années quatre-vingt-dix. A son palmarès, 25 sélections à des coupes du monde et de nombreux podiums : 2e en coupe d’Europe, deux fois vice-champion de France, champion de France de relais en 1996 avec Pierre Mignerey, Raphaël Poirée et Stéphane Azambre, vainqueur de la Foulée blanche... Résultats de plus de quinze ans de compétition de haut niveau, dont sept en tant que détaché des douanes. Echelon qu’il quittera à l’âge de 29 ans. « J’avais l’impression d’avoir fait le tour de mes capacités à ce niveau », explique-t-il.
Fier de transmettre
Au même moment, il a l’opportunité de rentrer dans le Gaec familial. « En plus du ski de fond, mon père m’a transmis la passion de l’élevage. Il était évident pour moi que je le remplacerais à son départ en retraite », confie celui qui se retrouve aujourd’hui à la tête d’un troupeau de 55 montbéliardes.
Si l’éleveur a quitté définitivement le ski de haut niveau, il n’a pas oublié l’esprit « compétition » qui l’anime. C’est toujours avec autant de plaisir qu’il revêt un dossard lorsqu’il accompagne ses trois enfants en épreuve nordique. Car chez les Gaillard, la passion du ski de fond se transmet de génération en génération. Pour preuve, Lucas, son fils aîné de 16 ans, semble vouloir suivre ses traces. « Il est parmi les meilleurs Français de son âge », avoue fièrement l’agriculteur. Lilian transmet aussi son savoir aux jeunes du club de ski de fond de Méaudre dont il est responsable et moniteur.
Ses skis, l’exploitant les chausse aussi tout simplement « pour faire un petit tour, me vider la tête, respirer. J’en ai besoin. » De son expérience de sportif de haut niveau, Lilian tire de nombreux bénéfices : « J’ai appris à me battre, à me forger un moral, à ne pas me plaindre, à rester positif dans les épreuves. Le sport de haut niveau est une très belle école de la vie pour affronter le quotidien. »