a quelle hauteur faucher l’herbe ? Pour Éric Braconnier, de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, pas à moins de 6 centimètres. « Faucher haut facilite le séchage de l’herbe coupée, car l’air circule davantage sous le fourrage, explique-t-il. C’est aussi un moyen de limiter la remontée de terre. Quant à la valeur par centimètre en bas de tige, elle n’excède pas 150 kg de matière sèche (MS). Ça n’est pas une perte majeure. »
Tout dépend aussi des animaux à qui est distribué le fourrage. Une vache laitière n’a pas les mêmes besoins qu’une allaitante. « J’entends souvent qu’il n’est pas nécessaire de distribuer un fourrage de haute qualité au troupeau allaitant, raconte Éric Braconnier. C’est vrai, mais cela ne veut pas dire qu’il faut donner n’importe quoi. » Le fourrage adapté sera celui qui couvrira les besoins des animaux, selon qu’ils vêlent à l’automne ou au printemps, et selon la ration de base dont ils disposent. Si les mères vêlant en période de pâturage bénéficient de la qualité de l’herbe sur pied, ça n’est pas le cas de celles qui nourrissent leur jeune veau en hiver, sous le bâtiment.
« Pour ne pas perdre la valeur en protéines, il est nécessaire de ne pas dépasser le stade d’épiaison, conseille Éric Braconnier. Les valeurs sont fortement corrélées au stade physiologique de la plante. » Or, quelle que soit sa hauteur, une graminée n’a toujours que trois feuilles. Plus elle avance vers son stade de grainage, plus sa valeur alimentaire recule. Laisser la tige prendre de l’ampleur augmente la proportion de cellulose, ce qui rend le fourrage moins digeste et plus encombrant. Donc, l’ingestion n’en est que plus réduite. « De plus, une fauche précoce assure une bonne teneur en azote », ajoute Éric Braconnier.
Équilibrer avec l’azote
Cet azote viendra complémenter l’énergie de la ration. L’objectif est de savoir doser pour sécuriser cette dernière. « Dans une ration basée sur l’ensilage de maïs et l’enrubannage, tout est question d’équilibre, explique-t-il. Quelle place l’herbe prendra-t-elle dans la panse ? Si elle représente 20 % de la ration, utiliser un enrubannage riche en azote ne pose pas de problème. Si à l’inverse, elle constitue 75 % de la ration, mieux vaut rester prudent. » L’enrubannage est riche en azote, mais aussi très faiblement encombrant. Il est donc très ingérable.
Seul l’apport de fibres « mécaniques », telle la paille, en quantités suffisantes permet de faire travailler le rumen, pour ralentir le transit. « C’est un fourrage qui, en aucun cas, ne peut être distribué à volonté », prévient Éric Braconnier.