En ce mois de décembre, The Inspector Cluzo est loin des scènes endiablées et de son public déchaîné. Les deux rockeurs, Mathieu Jourdain et Laurent Lacroutz, ont raccroché leurs costumes de scène pour redevenir simples paysans dans leur ferme, de tout juste 4 hectares, à Eyres-Moncubes, dans les Landes. Un moment de calme avant la prochaine tempête…

Les deux hommes se sont rencontrés vingt ans plus tôt, pendant leurs études. Ils font déjà de la musique ensemble, mais quand leur groupe se sépare, ils deviennent tourneurs et organisent les concerts d’autres musiciens. En 2008, Mathieu se remet à la batterie, Laurent au chant et à la guitare, et ils deviennent « The Inspector Cluzo ». Le duo connaît bien le milieu et s’autoproduit. Sur scène, il génère un rock explosif. Le groupe remporte un fort succès à l’étranger. Il joue sur les cinq continents et participe à de grands festivals, devant des milliers de personnes.

Retour à la terre

Les acolytes pourraient s’en contenter, mais… « Musique et agriculture sont pour nous des activités très liées, depuis toujours », explique Laurent. Défendant la nécessité d’alterner les deux, ils ont pris le statut d’agriculteurs en 2013, tout en restant musiciens professionnels. D’un côté, les deux complices composent et enregistrent. De l’autre, ils élèvent 200 oies par an, depuis la reproduction jusqu’à la transformation, en tant que petits producteurs. Désormais, sur leurs stands de vente, albums et produits de la ferme cohabitent sans complexes.

« Les voisins agriculteurs nous ont acceptés, malgré notre côté original. En effet, comme eux, nous nous levons tôt le matin pour gaver oies ou canards. Et ils respectent cela », notent les deux amis. La relation est même meilleure avec eux qu’avec certains milieux musiciens, « où le métier de gaveur n’est pas toujours bien perçu ! » Mais qu’importe, ils ne peuvent se passer ni de l’un, ni de l’autre. Alors, le groupe The Inspector Cluzo, désormais étiqueté « 50 % musiciens-50 % agriculteurs », entend bien poursuivre sur cette voie. L’alternance des deux genres, c’est ce qui les nourrit, au sens propre comme au figuré. Ils en ont tiré le titre de leur dernier album, Rockfarmers