«Le plaisir d’agir dans un collectif, d’aider à faire bouger les lignes me donne de l’énergie pour m’engager ! », affirme Évelyne Guilhem, qui produit avec son mari et son fils céréales et oignons à Castelnaudary, dans l’Aude. Ce goût de l’équipe s’est forgé dans sa jeunesse, grâce aux sports collectifs, notamment le basket. Après s’être installée en 1995, Évelyne l’a développé dans l’action syndicale, au sein des Cuma. Depuis 2002, elle est engagée au Burkina Faso avec l’Afdi (1).
« J’ai découvert une autre culture, cela a été un choc la première fois, raconte l’agricultrice. Mais dès qu’on parle métier, on se rend compte que les problèmes de base sont les mêmes au nord et au sud : foncier, eau, météo, commercialisation. » Après une dizaine de voyages dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, Évelyne a appris à le connaître et s’y est fait des amis. « Très positifs, les Burkinabés parlent de leurs difficultés, mais ajoutent toujours que ça va aller ! »
Des échanges fructueux
Dans cette démarche, pas question d’arriver en donneuse de leçons : « À l’Afdi, lorsque nous nouons un partenariat avec un groupe de paysans, nous sommes à l’écoute pour comprendre leurs difficultés et voir ce que nous pouvons leur suggérer pour réaliser leur projet. »
Les idées germent souvent au travers des échanges. Évelyne a fait visiter son exploitation à des adhérents d’une coopérative de la vallée du Sourou, qui produisent eux aussi des oignons. Ces maraîchers ont pris conscience de l’importance de la conservation, qui permet de vendre au bon moment, quand les cours sont hauts. « Nous les avons aidés à s’équiper de greniers de séchage. Ils ont augmenté les rendements et les prix. Leurs conditions de vie se sont améliorées. Aujourd’hui, ils envoient leurs enfants à l’école. »
En analysant les problèmes des paysans burkinabés, Évelyne a pris du recul. « Cela m’a aidée à être plus critique sur notre propre fonctionnement collectif. J’ai appris à me positionner, à argumenter pour défendre mon point de vue », note cette femme dynamique, à l’agenda bien rempli. Ces qualités, elle les utilise aujourd’hui à Passion céréales, à la FNCuma et en tant qu’adjointe au maire. « Je me mets d’abord à l’écoute, pour comprendre les problèmes des habitants. Puis je passe à l’action, en constituant une équipe. J’aime faciliter les contacts entre les gens, les rassembler autour d’un projet. »
(1) Agriculteurs français et développement international.