Larges chapeaux à rebord, tenues de cow-boy, colts à la ceinture, ils ont débarqué du Dakota, suités d’énormes bisons aux regards foudroyants. Ils venaient proposer des époux de choix à nos paisibles laitières. Ils prônaient les protéines et vitamines de leurs animaux, dont la viande pouvait réveiller les tempéraments les plus assoupis. Pour la joie des vaches, ils vantaient aussi leurs performances à rendre jaloux les spectateurs. Ces derniers se demandaient seulement si ces animaux de commerce difficile respecteraient leurs clôtures, voire la sécurité de leurs familles. Aussi, seul l’Inra s’en procura-t-il deux ou trois pour voir. Et bien sûr on ne vit rien ! Car, selon des études récentes, si des bisons ont pu se croiser avec des aurochs dont sont issues nos vaches, les produits furent loin d’avoir les qualités requises. Aussi nos éleveurs sont-ils restés fidèles à la semence apportée par « les taureaux en chapeaux. »

En région bocagère, près du lait se trouve souvent la pomme dont on vient de découvrir des ancêtres en Asie. Ces dernières montrent une résistance surprenante aux maladies et aux insectes et pourtant nul homme aux yeux bridés n’est venu nous en présenter. Dommage, car la ménagère se méfie de celles trouvées trop belles pour ne pas avoir été traitées. Un producteur de mes relations, écologiste avant l’heure, avait découvert la parade en pratiquant des lâchers de moineaux apprivoisés quand se présentait le carpocapse. Il couronnait d’ailleurs son entreprise en envoyant du calva au pape et exhibait les remerciements en latin des monsignores qui se l’octroyaient. Comme on ne put généraliser le procédé, la pomme du bocage continua de végéter. Pourtant, comme le lait, elle a la chance, en dépit des difficultés actuelles, d’être un symbole de ce retour au naturel dont on parle tant !