Symbole d’événements imperceptibles qui engendrent d’amples mouvements, « le battement d’ailes d’un papillon se répercute aux confins de la terre », disait-on naguère. Notre conscience en prend-elle la mesure ? Quand des milliers de Chinois se noyaient dans le fleuve Jaune, cela n’engendrait pas d’émotion en France, faute d’en avoir connaissance. Or, avec la mondialisation, la communication universelle rend tout événement audible et même visible. Ainsi on apprend que les îles Carteret, minuscule atoll dans le Sud-Est asiatique et aussi tel village du Grand Nord de l’Alaska, balayés par la tempête et la montée des eaux, ont en commun de s’enfoncer dans la mer. Il ne s’agit pas là d’un « canular » comme semble le penser Donald Trump, mais de la conséquence lointaine du CO2 que nous rejetons.

Pour soulager notre conscience nous pourrions proposer d’en indemniser les migrants comme nous l’avons fait pour les habitants de nos villages chassés lors de la création des barrages électriques. Malencontreusement, « ce battement d’ailes » d’un incident géographique mineur est susceptible de s’étendre et d’embraser la terre entière. L’Afrique, à notre porte par exemple, continent à la démographie exponentielle, responsable seulement de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, risque de voir le changement climatique provoquer des pénuries d’eau ainsi qu’une vaste expansion des déserts propres à engendrer un sursaut de famine.

Devons-nous pour autant nous « couvrir de cendres » comme paraissent le vouloir certains ? Ceux dont la fonction est de nourrir les hommes n’ont pas à dévier de leur trajectoire, seulement à s’inquiéter de la qualité de l’atmosphère répandue par leurs efforts. À défaut la pollution risquera d’engendrer des migrations massives de nature à provoquer un nouveau choc dramatique des civilisations.