«Monsieur, c’est grave ! Monsieur, c’est encore plus grave que nous ne le pensions. » Un avocat peu scrupuleux racontait comment il captait sa clientèle pour mieux valoriser ses succès ultérieurs ! Il en va de même pour les politiques qui nous plongent dans l’enfer afin de donner du relief à leur paradis. Il en résulte souvent un pessimisme généralisé qui pousse davantage au fatalisme qu’au sursaut.
Bien sûr, nous ne vivons pas dans « le meilleur des mondes possibles » ; nos ancêtres n’y vivaient pas non plus ! Avec raison nous pouvons craindre le terrorisme, qui a déjà fait en France des centaines de morts. On remarquera toutefois que les accidents de la route en font des milliers, le tabagisme des dizaines de milliers et qu’à l’échelle de l’Europe occidentale, le nombre de morts liés au terrorisme est moindre au début de ce siècle qu’à la fin du siècle précédent ! D’une façon générale, les contre-vérités font florès : on croit généralement qu’à l’échelle mondiale, la faim progresse alors qu’elle régresse, qu’en France la forêt diminue alors qu’elle s’étend, que les inégalités s’y aggravent alors qu’elles se réduisent lentement, que les nouvelles générations sont sur des trajectoires descendantes alors qu’elles sont sur des trajectoires ascendantes ; on croit l’Europe moribonde alors qu’elle demeure un havre de paix… Bien sûr, on ne cachera pas la crise majeure de l’agriculture française, mais nous ne sommes pas les seuls en difficulté : les Danois se surendettent, les Hollandais se heurtent à des questions d’environnement, les Allemands vivent plutôt de la méthanisation. Finalement, le pessimisme sert à accroître les nuisances. Alors s’il vous envahit, il vous faut aller voir le film « Les Pépites », pour savoir comment, en partant des ravages de la guerre, on peut recréer un monde assaini, animé par des sourires d’enfants.