«Il pleuvait fort sur la grand-route, elle cheminait sans parapluie... », paroles d’une vieille chanson de Georges Brassens, révélatrice de l’évolution de notre société. Qui de nos jours, avec les dangers que font courir les voitures, motos et camions, s’en irait cheminer à pied, le nez au vent, sur la nationale ? Est-ce pour rendre aux muscles l’usage qu’on leur doit ? Est-ce pour mieux musarder et regarder les arbustes en fleurs ? Est-ce pour aller vers un but paysager, historique, religieux ?

Toujours est-il qu’on emprunte les sentiers pédestres creusés par nos aïeux. La marche, la randonnée, le pèlerinage sont à la mode. Le Mont-Saint-Michel, Saint-Jacques-de-Compostelle, Rocamadour nous appellent. Après avoir aussi supprimé les voies transversales du chemin de fer qui irriguaient nos campagnes, voici que tous ceux pour qui la marche est l’exercice physique le moins coûteux et le plus pratiqué, se doivent d’emprunter les réseaux de sentiers qui parcourent la France. Pense-t-on assez à leur remise en état, leur entretien, les bienfaits qu’ils apportent à la santé publique et à la convivialité ? Y voir et humer le printemps, y entendre les animaux, y découvrir des fermes inattendues et des habitants avec qui il est facile de converser, devient un sport national.

Fort heureusement sur ces chemins de traverse, autant que sur les routes secondaires, certains proposent aujourd’hui de fructueuses étapes. De vieux bâtiments désuets se sont vus transformer en « séjours à la ferme ». Sont nées des « étapes gourmandes » où les produits fermiers authentiques, profitant du « circuit court », se jouent de la crise de la viande et du lait. En mai, la campagne fleurie redonne au terroir la valeur qu’il mérite, et la découverte d’un art de vivre proche des racines engendre une harmonie bien essentielle entre habitants de la ville et de la campagne.