Au temps déjà lointain des premières salles de traite, un ami éleveur eut l’idée « géniale » d’édifier la sienne à cheval sur un ruisseau, lequel emportait les déjections au fil du courant. Il reçut même les félicitations du conseiller de la chambre d’agriculture séduit par l’économie de travail qui en résultait… Les chambres, soyons rassurés, ont révisé leur position au point que l’assemblée permanente vient d’organiser pour les journalistes agricoles une table ronde où, après l’eau, la qualité de l’air fut passée au peigne fin. Il y a peu, l’atmosphère viciée était affaire exclusive des transports et de l’industrie, et on citait, tel un fruit de l’urbanisation, le ciel irrespirable de Pékin. Pourtant la pollution provenant de très fines particules n’est pas, comme on l’a dit pour les vents venus de Tchernobyl, arrêtée par la douane (!). Elle accompagne la mondialisation et, contrairement à l’eau facilement localisée, l’air dépend des activités de l’espace universel.
C’est dire que si l’agriculture ne tient pas la corde, on ne peut l’exonérer d’une part des atteintes causées par sa modernisation sur la santé, et il fut prouvé conjointement qu’un air impur peut faire baisser les rendements. Heureusement, les moyens de prévention existent sans avoir besoin de recourir aux normes dont l’utilité devrait se limiter à demeurer des sentinelles : l’enfouissement plutôt que l’épandage, la couverture des sols, les bâtiments adaptés sont autant de « bonnes pratiques » conduisant à mettre tout apport en relation directe et en quantité mesurée avec la plante. Enfin les abeilles ne sont-elles pas là pour nous alerter, elles qui s’accrochent désespérément aux bâtiments publics ? Elles y meurent moins, dit-on, mais y font beaucoup moins de miel que lorsque l’air est pur. Certains parlent alors d’abeilles fonctionnarisées...