Les syndicats de producteurs bios français (Fnab) et allemands (Bioland), représentant respectivement 10 000 et 6 000 exploitants, ne veulent plus d’une aide à l’hectare pour soutenir l’agriculture biologique. Elle serait inefficace et inéquitable, selon eux. « Dans certains Länder, l’enveloppe des aides pour la période 2014-2020 est déjà épuisée, rapporte Jan Plagge, président de Bioland. Résultat : soit les paiements se sont arrêtés, soit il ne reste rien pour de nouvelles conversions, ce qui crée des distorsions mal acceptées sur le terrain. »
Même frustration côté français, où les aides au bio, désormais gérées par les régions, ont été soit plafonnées, soit consommées, déplore Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab.
Convaincre d’autres États membres
Dans l’immédiat, il faudrait débloquer des fonds, plaide le syndicat allemand, grâce à un point de modulation supplémentaire du 1er vers le 2e pilier. Ce à quoi s’oppose aujourd’hui le gouvernement fédéral, pour ne pas pénaliser les agriculteurs conventionnels en crise.
À la veille du point d’étape sur la Pac en 2018, les deux organisations voudraient que leurs pays fassent front commun pour changer les règles. Plutôt que du saupoudrage d’aides directes, ils demandent « un système alternatif et innovant, qui rémunérerait les services environnementaux et sociaux rendus » par le mode de production biologique : qualité de l’eau et de l’air, biodiversité…
Comment mesurer ces aménités ? « Pour le moment, nous n’avons pas d’indicateurs », regrette Stéphanie Pageot, mais l’Institut technique du bio (Itab) espère obtenir un soutien public pour une étude sur la valorisation économique des services rendus avant la fin de l’année. Outre-Rhin, il existe déjà quelques indicateurs, se réjouit Jan Plagge, qui compte les présenter aux ministres français et allemand de l’Agriculture cet automne.
Les deux syndicats espèrent ainsi profiter de l’axe fort franco-allemand pour fixer une position commune pour la reconnaissance des services rendus du bio, et rallier d’autres États membres.