Vous êtes ministre depuis décembre 2015. Quelle est la priorité de votre mandat ?
Nous devons changer la politique de nos prédécesseurs. L’Argentine a été en dehors du monde pendant trop longtemps. Notre objectif est de devenir un partenaire commercial indispensable dans le monde. Les traités bilatéraux feront le commerce mondial de demain et nous ne pouvons pas concevoir que le Mercosur, et l’Amérique latine de manière générale, ne commerce pas avec l’Europe. Nous attendons donc de l’Union européenne une offre plus audacieuse que celle faite en 2004.
Quels sont les obstacles au développement de l’agriculture dans votre pays ?
Depuis longtemps, la production agricole souffrait de deux problèmes : les taxes à l’exportation (« retenciones ») et le dédoublement du taux de change. Nous y avons remédié.
En parallèle, il nous faut aider nos économies périphériques, comme la laine, le coton ou encore la viticulture, qui manquent d’infrastructures de stockage et de transports, et améliorer la chaîne alimentaire.
Nous allons aussi imposer la rotation des cultures afin que l’Argentine en finisse avec la monoculture de soja.
Comment compenserez-vous la perte des « retenciones » ?
Nous sommes convaincus que l’augmentation des productions contrebalancera la suppression de ces taxes pour le blé, le maïs et le bœuf. Des emprunts internationaux, qui serviront également à des projets d’infrastructures, compenseront une partie du déficit. L’autre partie sera corrigée par l’accélération des exportations, puisque nous serons davantage compétitifs sur les marchés. La hausse de la production de maïs réduira le coût d’autres productions comme la volaille ou le porc. Enfin, nous tablons sur un accroissement de 50 % de la production de blé pour nous positionner à l’export.
Vous avez déclaré l’état d’urgence agricole en janvier. Comment aidez-vous les agriculteurs face aux aléas climatiques ?
Depuis quelques années, nous passons de El Niño à La Niña avec une rapidité déconcertante. Les sécheresses et les inondations sont récurrentes. Ces phénomènes affectent profondément les productions et les producteurs, et par ricochet la chaîne de valeur, jusqu’à la population, en particulier dans le centre du pays. L’état d’urgence agricole permet d’exempter d’impôts les agriculteurs touchés et d’aider les plus petits avec des semences, des denrées et du fourrage. Les provinces et l’État se partagent les coûts, mais cette loi n’est plus adaptée. Nous préparons la mise en place d’une assurance agricole afin de garantir à tous les producteurs une couverture minimale de leur production et soutenir ainsi durablement les entreprises.