Les minuscules cultures en terrasse, bordées de murs en pierres sèches impeccablement entretenus, tranchent avec l’élevage ouvert par Cooperl et Xinda (1) à proximité de la ville d’Anyang, dans la province du Henan. 1 500 animaux reproducteurs, 1 km de couloirs… L’établissement est à l’échelle de la Chine, qui produit un porc sur deux dans le monde. La taille n’est pas la seule caractéristique de l’installation : elle compte quatre lignées sous un même toit, alors que les fermes de sélection génétique porcine en France se cantonnent à une seule (et 300 têtes au plus !).

Élevage autonome

La présence de large white et landrace, dont le croisement est utilisé partout dans le monde pour les femelles mères des porcs charcutiers, s’imposait. « Pour les mâles, nous allons proposer une gamme de trois verrats terminaux : piétrain, duroc et un verrat hybride piétrain-duroc. Cela permettra de répondre aux différentes attentes, y compris celle du gras persillé », explique Jacques Gourmelon, directeur de Nucléus, la filiale de Cooperl dédiée à la génétique.

L’importation de semences porcines françaises n’étant pas autorisée en Chine, l’élevage d’Anyang doit être autonome pour préserver l’excellence génétique des animaux fournis par Cooperl en octobre dernier pour lancer l’élevage. À titre d’exemple, alors que l’indice de consommation des porcs s’élève à 2,7 en moyenne chez Cooperl (2,9 en France), certaines estimations le placent à 3,8 en Chine ! « Au peuplement de cet élevage, nous avons maximisé la variabilité génétique, pour permettre le travail de sélection en piochant dans quinze familles, explique Jacques Gourmelon. Les 1 000 animaux que nous avons envoyés par avion étaient trop petits pour que leur potentiel soit évalué. Nous avons donc travaillé sur la valeur génétique moyenne du père et de la mère. »

Au sein de l’établissement, Cooperl, qui a fait tous les choix techniques, a opté pour le même niveau de sécurité sanitaire qu’en France. « L’air est filtré, et pour entrer dans l’élevage, il faut se doucher et se changer complètement », explique Pascal Leriche, technicien bâtiment export, qui précise que chaque lignée occupe des espaces dédiés.

Méthanisation

Seule originalité, la fabrication d’aliment, qui est située dans l’enceinte de l’établissement. Pour gérer les effluents, l’élevage est équipé d’un système de raclage continu maison, qui sépare le solide du liquide. « Ce procédé, que certains de nos éleveurs utilisent déjà, diminue de moitié les émissions d’ammoniac, explique Franck Porcher, directeur environnement de Cooperl. La partie solide est, de plus, très méthanisable. Sans ajout de substrat, elle produit huit fois plus de gaz que la méthanisation classique. »

Le méthaniseur, en cours de construction, sera opérationnel dans les mois qui viennent. Avant celui que le groupe prévoit de construire à Lamballe, alors que le projet breton a été lancé un an plus tôt…

(1) La coentreprise est détenue à parité.