Quand les deux nouvelles plates-formes de conditionnement et d’expédition ultramodernes sortiront-elles de terre ? Le président de la Sica de Saint-Pol-de-Léon, Jean-François Jacob, a bon espoir de voir les travaux démarrer. Mais il n’a pas voulu s’avancer sur une date, lorsqu’il s’est exprimé en amont de l’assemblée générale de la coopérative, qui a eu lieu le samedi 12 mars. Depuis près de cinq ans, la Sica est confrontée à un imbroglio juridique relatif à la création des deux plates-formes. L’objectif est de remplacer huit des dix-sept stations de la Sica, l’une à Saint-Pol, l’autre à Cléder-Plouescat, pour gagner en logistique, moderniser l’outil et optimiser la traçabilité. Mais c’était sans compter sur l’opposition d’une association de riverains ! Loi littoral, permis annulé (puis validé à Saint-Pol), modification du Pos en PLU… le contentieux devant le tribunal administratif n’en finit plus.
Avenir hypothéqué
« Ce blocage freine notre stratégie de diversification et hypothèque notre avenir », affirme Jean-François Jacob. Tomates du Maroc, pommes de terre d’Israël, minilégumes d’Afrique du Sud ou encore artichauts du Pérou… Le marché des légumes est mondialisé et il n’est pas possible de rivaliser sur le prix. Même au plan européen, l’écart de compétitivité s’élève à 30 %. « Nous sommes condamnés à nous extraire de cette bataille du prix, pour aller vers celle de la valorisation des produits. C’est notre force », poursuit-il. Une politique que l’organisation de producteurs mène depuis de nombreuses années en s’appuyant sur l’innovation et la segmentation de la gamme. Avec 32 légumes et près de 70 000 références, Prince de Bretagne représente la gamme la plus large et la plus segmentée d’Europe.
Encore faut-il avoir les outils au service de cette stratégie. « Le retard pris pour la mise en service des stations nous coûte en moyenne 5 centimes par tête de chou-fleur », estime le président. Le parc frigorifique a trente ans et il est gourmand en énergie. Les choux-fleurs sont refroidis en huit heures, alors qu’il existe des solutions pour le faire en quatre heures. Un camion fait sept stations en moyenne pour être rempli. « On perd facilement une journée. Pour être compétitif, il faut répondre toujours plus vite à la demande du consommateur. »
Ces coûts de fonctionnement pèsent sur le prix payé au producteur. Jean-François Jacob en est persuadé : « C’est grâce à ce type de plates-formes que nous fournirons les produits nouveaux que l’on consommera dans vingt ans. »