La rencontre organisée par l’association pour le développement de l’apiculture en Franche-Comté (AdaFC) à Dole, le 2 décembre, a permis de faire le point sur la délicate situation de l’abeille et des initiatives réunissant apiculteurs et agriculteurs. En vingt-cinq ans, la Bourgogne-Franche-Comté a enregistré une perte de 150 000 ha de prairies permanentes (contre une hausse de 27 000 ha de prairies artificielles et 46 000 ha d’oléoprotéagineux). La région est également confrontée, depuis dix ans, à la disparition de divers éléments de biodiversité : haies, jachères et jardins familiaux. Cette situation engendre « un problème de ressources accru, en quantité et en qualité, du fait de contaminations par les pesticides », a souligné Jean-Baptiste Malraux, de l’AdaFC. Ainsi, les pratiques apicoles ont changé avec, notamment, des transhumances, pour éviter les zones à risque et rechercher les miellées, et le nourrissement, multiplié par cinq en vingt-cinq ans.

Difficultés Multiples

Multifactorielles, les difficultés d’un rucher se posent, en outre, à une vaste échelle. « Le butinage dans un rayon de 1,5 km autour de la ruche couvre près de 700 ha », a souligné Cyril Vidau, écotoxicologue à l’Institut de l’abeille. L’abeille, indispensable pollinisatrice pour de nombreuses cultures, peut donc être exposée successivement à des substances chimiques qui, bien qu’autorisées individuellement, présentent ensemble un effet cocktail délétère.

Le dialogue et l’adaptation des pratiques agricoles ne vont pas de soi, comme l’ont montré certains échanges. C’est pourtant la voie à explorer. Jérôme Régnault, apiculteur avec 700 ruches en Côte-d’Or, témoigne : « En 2012, sur colza, 100 de mes ruches ont été intoxiquées par un fongicide. J’ai rencontré huit agriculteurs de ce plateau céréalier. Depuis, ils traitent la nuit, avec l’avantage de réduire la dose. Je n’ai plus de problème dans cette zone. »