«Lors de l’annonce de la fermeture de la base aérienne 112, je me suis mobilisé avec les six autres exploitants, alors locataires de terres de l’armée, pour que le site reste agricole », raconte Silvère Picard, installé à mi-temps sur l’exploitation familiale de 125 hectares, située à Bétheny, près de Reims, et salarié à mi-temps à la chambre d’agriculture de la Marne. « Pour certains, les surfaces louées représentaient jusqu’à la moitié de leur ferme. Pour ma part, j’exploitais 40 hectares », explique-t-il.

Les exploitants seront soutenus par la FDSEA 51, puis par la chambre d’agriculture, qui prend le dossier à bras-le-corps pour aboutir au projet Ferme 112. Aujourd’hui, six agriculteurs sont restés dans l’aventure. Le projet est piloté par l’association ARBD (1), qui fédère plus de vingt partenaires. Les 220 ha cultivables sur les 550 ha du site sont gérés par une SCEA détenue à 55 % par ARBD, 35 % par les six agriculteurs associés exploitants et 10 % par la FDSEA 51. Depuis septembre 2015, et pour huit ans, Silvère Picard et son collègue agriculteur, Bertrand Maltot, mènent quatre systèmes de cultures, sur 75 ha, en rupture complète avec ce qui se fait actuellement, et un classique.Les exploitants testent un système avec betterave et sous-couvert annuel, un autre sous-couvert permanent sans betterave, un système maximisant la production de biomasse de type sucre et un dernier, permettant de réduire fortement la dépendance à l’azote minéral, le tout comparé aux pratiques actuelles. « Nous étions volontaires, car nous sommes motivés par l’expérimentation. C’est intéressant, bien que chronophage. En effet, nous devons exploiter vingt-deux parcelles de 3 ha avec sept cultures, quatre modes d’implantation et une gestion des intrants parfois différenciée. » Silvère Picard cultive, en outre, 15 ha dans le cadre du projet national Syppre et de son mi-temps salarié.

Décisions communes

Les 130 ha restants sont exploités par les six agriculteurs et destinés à d’autres essais système, voire à des partenaires pour des essais privés. « En 2015-2016, nous les avons conduits classiquement, mais en prenant toutes les décisions en commun, explique Silvère Picard. Cette façon de faire nous change de l’époque militaire, où chacun gérait ses terres. »

Au cours de la campagne actuelle, cette partie de la Ferme 112 portera 30 ha d’essais pour Vivescia, 20 à 30 ha pour les culturales 2017 d’Arvalis et 7 ha pour Acolyance. Silvère Picard est rémunéré au prorata de sa surface historique (40 ha), sur la base du revenu moyen de la région Pays rémois. S’y ajoute un supplément pour l’expérimentation des systèmes.

(1) Agroressources et bioéconomie demain.