Après deux ans de crise, « notre système est encore efficace, mais nous devons faire très attention. Tout doit être rentable à court terme », a expliqué Ubo Marinus lors de la Journée lait, organisée par la chambre d’agriculture de la Mayenne et la coopérative Clasel (ex-Contrôle laitier), le 17 novembre à Louverné. Devant 200 producteurs et dans une ambiance morose, l’éleveur de Quelaines-Saint-Gault (Mayenne), originaire des Pays-Bas, a détaillé ses résultats. Installé sur 78 hectares avec sa compagne, Karla Balkema, il a produit 695 000 litres de lait en 2015-2016. « Avec un prix à 345 euros les 1 000 litres et des charges opérationnelles faibles, nous avons dégagé un revenu disponible de 45 300 €. Mais pour l’exercice 2016-2017, nous ne dépasserons pas 19 000 €, soit 16 % de notre résultat 2013-2014 », pointe-t-il.
Cette journée visait à situer les élevages mayennais par rapport à leurs voisins européens. « En termes de structure d’exploitation et de rentabilité économique, nous sommes proches des Allemands. Par contre, l’écart est important avec les Danois, les Néerlandais et les Irlandais, a précisé Didier Désarménien, conseiller à la chambre d’agriculture. Le prix du lait a baissé dans tous les pays de manière similaire, mais les élevages mayennais sont globalement moins endettés que leurs voisins. Leur lien au sol contribue à une meilleure maîtrise des charges opérationnelles. »
Pas d’investissement
Des propos relayés par Hugo Lemosquet, conseiller d’élevage à Clasel, qui identifie des marges de progrès pour les éleveurs « autour de la maîtrise technique, de l’optimisation économique et du raisonnement des investissements ». En la matière, Elise et Pierre-Yves Carton ont tranché. Installé depuis cinq ans, le couple témoignait lors de cette journée. Il ne changera pas de tracteur cette année, contrairement à ce qui était prévu dans le plan d’installation. « En 2015-2016, nous avons dégagé un résultat disponible de 20 000 €, a précisé la jeune femme. L’exercice en cours s’annonce moins tendu, mais nous ne voulons pas précipiter nos décisions. » Face à la crise, les deux anciens contrôleurs laitiers ont préféré différer des investissements plutôt que de baisser leurs prélèvements privés, et s’impliquer à l’extérieur de l’exploitation « pour revenir plus fort au travail ».