Dans les Pyrénées-Atlantiques, les attaques des vautours sur des animaux affaiblis en montagne, mais aussi en bas de vallée, voire en plaine, créent bien des problèmes. C’est pourquoi une aire gravillonnée et grillagée d’environ 10 m sur 10 m a été installée en mars 2016 sur les hauteurs d’Estérençuby, au Pays basque, à 730 m d’altitude. C’est une placette d’équarrissage pour les dépôts d’animaux de moins de 500 kg. Elle fonctionne toute l’année sauf en mai, « pour limiter le nourrissage quand les petits sont au nid, car notre but n’est pas d’augmenter la population de vautours ! » précise Louis Biscaichipy, éleveur d’ovins et de bovins sur la commune. Les objectifs ? Lutter contre les décharges sauvages, maintenir les vautours dans leurs habitats naturels et œuvrer pour la conservation des espèces. Par exemple, préserver les gypaètes, une espèce de vautour en concurrence l’hiver avec les vautours fauves, plus nombreux.
Gérée par 12 éleveurs
La construction a été financée par l’État, l’Europe et des crédits Natura 2000, sous la maîtrise d’ouvrage de la commission syndicale du pays de Cize. Mais l’entretien de la placette reste à la charge des douze éleveurs qui y ont accès. « La placette est fermée par un cadenas, explique Louis Biscaichipy. Quand nous y venons, nous inscrivons sur un registre la date, notre nom, le type d’animal déposé et son poids. Une fois par an et à tour de rôle, nous portons une tête à l’abattoir pour analyse. Régulièrement, nous nettoyons la placette en brûlant les restes d’os. » L’éleveur fait remarquer qu’il cotise toujours à l’équarrissage. Il n’a donc pas d’avantage financier, mais une solution pratique, légale et rapide pour se débarrasser des animaux morts sur l’exploitation. « Nous restons libres de choisir entre la placette et l’équarrissage. Mais ici, l’équarisseur ne passe que le jeudi. Alors, imaginez quand une bête meurt sur l’exploitation un vendredi ! Je me suis servi de cette placette six ou sept fois depuis sa mise en route. »
Depuis un an, cinq placettes fonctionnent au Pays basque. Elles œuvrent déjà en faveur d’une montagne propre. L’avenir montrera ce qu’il en est quant aux déplacements des populations de vautours. Si l’expérience réussit, d’autres placettes seront installées.