Les démarches variées, menées dans l’Ain, le Rhône, le Doubs, la Saône-et-Loire et les Savoies, témoignent de l’efficacité d’une approche de proximité en matière de biodiversité et de faune sauvage. Elles ont été présentées le 18 octobre à Saint-Marcel-en-Dombes (Ain), à l’occasion d’une rencontre entre les chambres d’agriculture d’Auvergne, de Rhône-Alpes, de Bourgogne-Franche-Comté, les fédérations de chasseurs, les fédérations de syndicats d’exploitants agricoles et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. À titre d’exemple, dans les alpages des Alpes du Nord, ces rencontres ont porté sur la gestion du pastoralisme et la préservation de l’habitat du Tétras lyre. Dans le bocage de la Bresse bourguignonne, il s’agissait du maintien et de la valorisation des haies par la production de plaquettes. À chaque fois ont été imaginées de nouvelles pratiques agricoles préservant la faune sauvage.
Des plates-formes expérimentales
Dans l’Ain, les intercultures faunistiques devaient être intéressantes à la fois pour l’agriculture (aspect agronomique, aspect réglementaire, fourniture de fourrage), le monde cynégétique (protection, nourriture, bonne circulation des espèces chassables et non chassables) et les apiculteurs. Des plates-formes expérimentales mises en place dans la plaine de l’Ain, la Dombes et la Bresse ont permis, après de nombreuses années de tâtonnement et d’observation communes, de sélectionner pour chaque territoire, les meilleurs couverts végétaux. Ce travail s’est fait en collaboration avec les agriculteurs, les chasseurs, les apiculteurs, les coopératives et négoce (coopérative des trois régions, Terre d’alliance et établissements Bernard). Alors que les mélanges semés en intercultures en 2009 comportaient 96 % de moutarde, ils n’en contiennent plus que 40 % en 2016. Ils peuvent intégrer jusqu’à dix espèces (1). Plusieurs de ces mélanges sont estampillés « agrifaune ».
Pour Gérard Raphanel, responsable professionnel agricole de l’Ain et chasseur, de tels partenariats doivent être encouragés. « Les agriculteurs chasseurs ont de fréquentes occasions de se déchirer (sangliers, par exemple). Mais ils ont aussi beaucoup de sujets pour se rapprocher (corbeaux, nuisibles). Agrifaune est l’endroit où l’on se retrouve autour d’une table. »
Malgré la conjoncture agricole difficile, les partenaires d’Agrifaune souhaitent diffuser plus largement leurs actions au cours des cinq prochaines années. Des freins financiers et réglementaires devront être levés. Essentiels, les temps d’animation seront à renforcer.
(1) Exemple de mélange : millet perlé, phacélie, trèfle d’Alexandrie, trèfle Sporazum, tournesol, moutarde brune, radis fourrager, sarrasin.