«La culture de la stevia n’est pas encore rentable pour les agriculteurs, car nous n’obtenons pour le moment qu’une tonne de feuilles séchées par hectare, mais nous progressons, confie Charlotte Sohy, chargée du projet Stevianov à l’Épi salvagnacois, à Salvagnac (Tarn). Nous espérons obtenir rapidement un rendement de 3 ou 4 t/ha, grâce aux progrès génétiques et culturaux réalisés par les partenaires de la filière. »
Importée du Paraguay, la stevia est une plante pérenne, dont les feuilles possèdent un fort pouvoir sucrant. On en extrait des molécules de glycoside de stéviol (GS), à partir desquelles sont fabriqués des édulcorants. Porté par l’Épi salvagnacois, Sica spécialisée dans les blés de qualité, le projet Stevianov regroupe cinq autres partenaires.
En amont, l’école d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse, s’attèle à l’amélioration des plants par sélection massale. Les premières variétés européennes, adaptées au climat du Sud-Ouest, sont cultivées sur 1,5 hectare par six agriculteurs travaillant avec la Sica.
Denis Beneschi, producteur à Salvagnac, a été le premier à tenter l’expérience. « La stevia peut constituer une bonne alternative à la culture du tabac, qui a quasiment disparu, reconnaît-il. On la plante avec les mêmes outils et on déshydrate les feuilles dans les mêmes séchoirs. Elle n’aime pas le froid et s’acclimate bien au pays tarnais. Il faut l’irriguer à la plantation et durant la première année, mais elle nécessite ensuite très peu d’eau. L’optimum de garde pour un plant est de trois à quatre ans. »
La stevia se plante en mai et ses feuilles sont récoltées début septembre, avant la floraison. Les tiges sont fauchées, comme celles de la lavande, et ramassées au sol par une remorque autochargeuse. L’objectif de l’Épi salvagnacois est d’en cultiver 10 ha d’ici à 2020.
Une production tracée
Les feuilles séchées sont pressées avec de l’eau froide, pour en extraire les GS. Le procédé a été amélioré par le laboratoire de chimie agro-industrielle de Toulouse, autre maillon du projet Stevianov, qui a mis au point un prototype d’extraction en continu, doté d’une trémie. Au final, on obtient un jus contenant 90 % des GS, et un extrudat. Ce dernier, testé en alimentation animale, permettrait une deuxième valorisation. L’eau récupérée au cours du processus est réutilisée en irrigation.
Enfin, c’est Stevia Natura, implantée à Riom (Puy-de-Dôme) et spécialisée dans la fabrication d’édulcorants à base de stevia, qui raffine et purifie le jus, puis le cristallise par évaporation. Il faut 10 kg de feuilles séchées et 100 l d’eau pour fabriquer 1 kg d’édulcorant. L’objectif de la PME est de développer, à partir de la production locale de l’Epi salvagnacois, une filière française tracée de qualité