Avec un prix de base à 288 € pour 1 000 l entre janvier et juin 2016, la Laiterie de Verneuil a fait le choix de soutenir le prix du lait depuis deux ans. « En 2015, nous avons payé les 1 000 l, en moyenne, à 324 €, et en 2016, sur les 6 premiers mois, à 309 € (toutes primes incluses, NDLR). Ce prix est décorrélé de notre valorisation sur le marché. Malgré tout, nous savons que ce n’est pas suffisant pour les producteurs. Nous essayons de maintenir un maximum d’éleveurs sur notre territoire. L’esprit coopératif prime », affirme Philippe Bruneau, le président de la laiterie, éleveur à Verneuil-sur-Indre. Située au sud de la Touraine et créée en 1909, cette coopérative emploie 130 salariés et collecte 110 exploitations bovines et 40 fermes caprines. Depuis deux ans, six producteurs, dont deux jeunes, ont arrêté la production laitière. Le choix de soutenir le prix du lait n’est pas sans conséquence sur les finances de la laiterie, qui accuse une perte de résultat net de 740 000 € en 2015. Mais grâce à une gestion saine, et l’envie de rester indépendante, elle peut la supporter.

Un marché régional en développement

La Laiterie de Verneuil a toujours été atypique dans le paysage laitier régional. Elle collecte et transforme tout le lait (beurre, crème, lait UHT, fromage, faisselle). Elle ne cherche pas s’étendre, mais à garder de la proximité avec ses adhérents. Bien qu’elle subisse l’effondrement des cours mondiaux du beurre et de la poudre, sa petite taille lui permet de répondre à des marchés de niche au niveau local comme international. Elle tente de se démarquer en valorisant des produits régionaux, comme le beurre de Verneuil ou son produit phare, le lait UHT « Délices de Touraine ». Une trentaine d’éleveurs en produisent, en suivant un cahier des charges strict, sans OGM. Il en est de même avec le fromage de chèvre valorisé en AOP Sainte-Maure-de-Touraine et Valençay. Des produits régulièrement médaillés au concours général agricole. « Ce qui manque au producteur, en plus de la rémunération, c’est un produit final. Plutôt que de faire la course au volume, nous réfléchissons à une nouvelle valorisation de notre lait pour cet hiver », annonce Philippe Bruneau.

Le lait de Verneuil progresse dans les GMS en Ile-de-France et Région Centre. En parallèle de ses innovations commerciales, Verneuil mise sur la mutualisation pour optimiser l’outil industriel. Depuis 2015, elle s’est rapprochée de l’Union laitière de la Venise verte (Vendée) et de Pamplie (Deux-Sèvres) pour échanger des tonnages de lait et mieux les valoriser. L’entreprise lochoise a ainsi investi 4,5 M€ dans une nouvelle ligne de conditionnement et du stockage. Elle a également installé une unité de méthanisation (235 kW) pour consommer moins d’énergie.