Reconnue comme GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) en juillet 2015, l’association des ArboNovateurs regroupe des arboriculteurs du réseau Ecophyto qui ont décidé d’aller plus loin dans leur démarche de maîtrise des intrants. « Au-delà de la réduction des produits phyto, nous travaillons aussi sur l’irrigation, la fertilisation, le désherbage et les nouvelles variétés de fruits, explique Yannick Fraissinet, producteur de pommes et de prunes à Albefeuille-Lagarde, en Gaec avec ses filles Arielle et Marine. Nous testons toutes les innovations technologiques, afin de trouver des solutions en termes écologiques et sociétaux, tout en préservant nos performances économiques. »

Les vergers des ArboNovateurs sont ainsi équipés de stations météo permettant de connaître l’état hydrique des sols, la pluviométrie, la vitesse du vent, la température, l’humidité… Les données recueillies sont transmises à la chambre d’agriculture qui renvoie analyses et conseils aux producteurs. « Grâce à ces outils, je sais par exemple à quel moment les spores de tavelure germent sur les feuilles et quand il faut traiter, précise l’arboriculteur. J’économise des traitements. J’ai aussi installé un dendromètre sur une branche de prunier. Ses oscillations donnent des indications sur le stress hydrique de l’arbre. En juin, alors que nous allions commencer à irriguer, nous nous sommes rendu compte que le sol était encore gorgé d’eau et avons repoussé la date. En revanche, en juillet, les données nous ont montré que le goutte-à-goutte n’était plus suffisant pour irriguer, et nous avons ajouté 40 mm d’eau par aspersion. Les oscillations du dendromètre sont redevenues normales. »

Faire et faire savoir

Marc Semenzato, arboriculteur à Montauban, est également ArboNovateur. En pomme, il teste en bio les nouvelles variétés résistantes à la tavelure. Il a planté un hectare de Juliet en 2012, et en plantera un de Dalinette l’an prochain. Ses microjets pour l’irrigation arrosent juste autour des arbres. Leur installation est plus coûteuse que l’aspersion, mais plus économe en eau. Par ailleurs, le producteur couvre ses cerisiers de bâches antipluie, en plus des filets paragrêles, dès que les fruits commencent à changer de couleur. « Pendant deux mois, les bâches protègent mes arbres, ce qui m’assure une belle récolte, indique-t-il. J’ai aussi remarqué une baisse de la pression des mouches drosophiles. » Les ArboNovateurs travaillent enfin sur le désherbage mécanique, l’analyse des reliquats azotés en cours de saison et la brumisation des traitements phytosanitaires par microjets. Dès 2017, ils développeront un volet communication auprès du grand public pour « redorer l’image de l’agriculture ». Un logo a déjà été créé.