C’est Gilles Briffaud, agriculteur aux activités diversifiées (pommes, melons, prunes d’Ente, expédition de fruits, vin de Gaillac), qui porte le projet de ces immenses serres construites en périphérie de Toulouse. Adossées à l’incinérateur de déchets ménagers du nord de l’agglomération, propriété du groupe Suez, celles-ci profitent de la chaleur produite, jusque-là inutilisée, sans dégrader la production d’électricité envoyée dans le réseau ERDF.

Ainsi, 7 M€ ont été investis dans une première tranche de 32 000 m² de serres. Gilles Briffaud détient 40 % de la société Serres de Bessières qu’il préside. Oubatimes, dirigée par Claude Domenget, possède 40 % des parts restantes, et le fonds de développement Agro Invest les derniers 20 %. FranceAgriMer a versé 300 000 € de subventions, et l’ex-conseil régional de Midi-Pyrénées 200 000 €, auxquels s’ajoute 1 M€ d’avance remboursable sur sept ans.

Technologie innovante

En 2018, le projet, dans lequel auront été investis 17 M€, comprendra 102 000 m² de serres, séparées en quatre secteurs pouvant être conduits séparément. Le site intègre également 2 700 m² de station d’expédition, avec deux chambres froides et de grands locaux techniques. Le plus gros échangeur eau-eau d’Europe y est installé. Il permet de récupérer la chaleur, à partir de la vapeur qui sort de l’usine d’incinération, et de l’injecter dans les serres. « L’eau que nous récupérons est à basse température (42 °C), explique Gilles Briffaud. Il nous a fallu concevoir un système spécifique innovant pour l’utiliser. » Les premières plantations de tomates grappes ont eu lieu début février. La serre fonctionne en lutte biologique intégrée et la pollinisation se fait grâce à des bourdons. Les 120 000 plants donneront 1 500 tonnes entre avril et novembre. Les plantations suivantes se feront en décembre, pour l’arrivée de tomates sur le marché en mars.

6 000 tonnes par an

« Jusqu’à maintenant, le fait de maîtriser la condensation, grâce aux aérations prévues dans la serre, a permis d’éviter les maladies cryptogamiques et le recours aux traitements phytosanitaires, poursuit Gilles Briffaud. À terme, nous produirons pour moitié de la tomate grappe. Nous espérons obtenir 60 à 62 kg/m², à moins de 1 € le kilo. L’autre moitié sera constituée d’autres variétés. Dès 2018, nous devrions mettre sur le marché régional, via les grossistes et la grande distribution, 6 000 tonnes de tomates par an sous la marque « Tomate de Toulouse ». L’objectif est de concurrencer les importations marocaines, espagnoles, belges et hollandaises, et de réaliser plus de 6 M€ de chiffre d’affaires par an. »