«En 2015, les marges des aviculteurs se sont améliorées dans l’ensemble des productions », explique Didier Goubil, président du pôle avicole de la chambre d’agriculture de Bretagne, s’appuyant sur les résultats de l’enquête annuelle réalisée par les chambres d’agriculture du grand Ouest (1). « Cette situation, plutôt favorable, est essentiellement due au poulet export, qui a tiré toutes les productions : le poulet standard, le poulet lourd et même la dinde », complète-t-il. La demande à l’exportation a permis une rotation importante des lots, avec à peine douze jours de vide en moyenne dans l’année, donc une meilleure productivité dans les élevages. La maîtrise des charges, en lien avec la diminution du prix du gaz et des matières premières pour l’alimentation animale, a également contribué à cette amélioration.

Bâtiments vieillissants

Mais en fin d’année, la découverte de cas d’influenza aviaire dans le Sud-Ouest est venue casser la dynamique. Un certain nombre de pays ont décidé de fermer leurs frontières, ce qui a eu un impact direct sur la filière export et, par ricochet, sur les autres productions. Ce renversement de situation a été accentué par une évolution défavorable de la parité des monnaies. « Alors qu’en 2015, la France a bénéficié d’un contexte monétaire favorable de l’euro face au dollar ou au réal brésilien, c’est tout l’inverse qui se produit en ce moment » , poursuit Didier Goubil.

Et les perspectives à plus long terme sont inquiétantes. Le parc de bâtiments se réduit. Beaucoup de bâtiments ne sont pas repris. « Le solde disponible moyen en poulet ou en dinde pour l’éleveur était de 14 €/m² dans les années 1990, il est de 10 €/m² aujourd’hui », précise-t-il. Dans ces conditions, les banques sont frileuses à prêter de l’argent. Il faudrait un renouvellement du parc de l’ordre de 15 à 20 %, mais il n’est que de 1 à 2 %.

C’est un constat d’autant plus désespérant pour le responsable professionnel que la volaille est une production d’avenir. Il en est persuadé : « C’est une protéine animale peu chère, une viande diététique qui ne connaît pas de tabou religieux. Nous avons encore des couvoirs, des éleveurs, des abattoirs… Il est temps de réagir, d’avoir une volonté politique de garder la production en France. »

(1) L’enquête a été réalisée auprès de 426 élevages, représentant 817 742 m2, dans quatorze départements de Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Centre, Normandie et Nord-Pas-de-Calais.