Début mai, 46 générateurs de particules glaçogènes ont été installés en six jours sur tout le département, soit environ un pour 100 km2. Le Lot-et-Garonne n’était pas couvert, hormis 7 postes tout au nord du département (vignoble Duraquois), « or, il y avait une demande sur le terrain, explique Patrick Franquin, président du service productions végétales de la chambre d’agriculture et initiateur du projet. Mais il fallait trouver le financement et des bénévoles pour faire fonctionner les générateurs. » C’est chose faite du côté des bénévoles. À raison d’un titulaire et deux suppléants par générateur, des agriculteurs se sont portés volontaires assez facilement. Laurent Avi, arboriculteur à Brax, en fait partie : « J’ai tout de suite été d’accord, car on connaît trop bien les dégâts liés à la grêle. Alors, si on peut la limiter, voire l’éviter, allons-y ! » Sur ses 20 ha de vergers (pêches, pommes, kiwis et cerises), seuls 9 ha de pommiers sont équipés de filets paragrêles. Il n’est pas assuré, « car cela coûte très cher », dit-il.
L’équipement est simple : une bouteille d’air comprimé est reliée à travers un détendeur à une bouteille contenant 30 l de solution acétonique d’iodure d’argent. Quand l’opérateur ouvre le réservoir, la solution sous pression est pulvérisée via un gicleur au fond d’une cheminée cylindrique. Là, un briquet suffit pour enflammer la solution. Sous l’action de la chaleur, les particules s’élèvent et profitent des courants ascendants pour atteindre les nuages.
Un budget de 120 000 €
Le système a été mis au point par l’Anelfa (Association nationale d’études et de lutte contre les fléaux atmosphériques, Toulouse). Elle fabrique et livre le matériel, fournit la méthodologie et lance les alertes météo.
Il fallait trouver une solution pour financer l’opération. Pour cette première année, elle a été budgétisée à 120 000 € : « les partenaires sont nombreux, précise Emmanuel Maupas, chef du service productions végétales. On peut citer entre autres Terres du Sud, le BIP, les ODG, le conseil départemental et quelques communautés de communes. » Trouver les financeurs fut un travail de longue haleine et Emmanuel Maupas s’est parfois heurté à des craintes : « L’usage d’iodure d’argent fait peur à certains, même si les études scientifiques expliquent qu’il n’y a pas de risques. »
Samedi 21 mai, le département a eu sa première alerte d’orage à grêle : « Comme tous les autres, j’ai reçu un message vocal à 16 h, résume Laurent Avi. J’ai allumé le générateur dans le quart d’heure qui a suivi pour l’éteindre à 23 h. » Dans le Lot-et-Garonne, nombre de nuages ont été ensemencés ce soir-là. Deux alertes ont eu lieu les 27 et 28 mai, sans dégâts majeurs à déplorer.
Une moyenne de 10 à 15 alertes est attendue d’ici au 15 octobre.