Partis à 5 heures du matin du Maine-et-Loire, deux camions remorques de foin arrivent à Allanche (Cantal) à 14 heures, mardi 26 avril. Au total, vingt convois de 24 tonnes de foin proviendront de ce département, où la FDSEA a organisé une collecte. Avec une quarantaine de donateurs par canton, la solidarité se traduit par un stock de fourrages appréciable. À l’arrivée, la distribution se fait à raison de 7 tonnes par éleveur.
« Nous avons eu, sans surprise, 100 % de retour au courrier envoyé à nos adhérents, explique Joël Piganiol, à la FDSEA du Cantal. La situation est catastrophique dans un vaste secteur où les effets cumulés d’une invasion de rats taupiers et de la sécheresse 2015 laissent les exploitations sans aucune ressource. »
Prairies inexploitables
Cinq convois en provenance du Lot sont également attendus. Les éleveurs cantaliens n’auront que le transport à leur charge. « Nous apprécions ce cadeau, confient unanimement les six agriculteurs présents à Allanche mardi dernier. Sept tonnes de foin ne règlent pas tous nos problèmes, mais cela nous permet de tenir quelques semaines de plus avant une mise à l’herbe qui s’annonce difficile. Et puis, le geste réchauffe le cœur. » Alors que la mise à l’herbe approche dans cette région située à plus de 1 000 m d’altitude, les rats continuent leurs ravages. De nombreuses prairies s’avèrent d’ores et déjà inexploitables pour la saison de pâture et de fauche 2016.
Trésoreries exsangues
Guy Garinot, éleveur à Allanche, prévoit de sortir ses 35 vaches salers directement dans les estives. Le foin reçu lui permettra de tenir trois semaines de plus. L’an dernier, il a dû acheter 90 t de maïs pour compenser un déficit de plus 50 % en foin et en herbe pâturée. Il a aussi vendu 15 vaches.
Quant à Christophe Bichon, associé avec son père sur 167 ha avec un troupeau de 70 simmental, il a acheté pour 30 000 € de nourriture pour faire face aux dégâts causés par les rats taupiers et à la sécheresse. « J’ai limité ces achats grâce à 15 ha de céréales que j’ai ensilés. Il m’a manqué plus de 50 % de foin et d’ensilage d’herbe et 100 % de regain. Je viens de semer 12 ha d’un mélange de triticale, avoine et vesce. Ce printemps, les prairies sont encore très abîmées. Des parcelles sont noires de terre. Grâce au foin reçu, je vais tenir les laitières trois semaines avec une ration mi-foin mi-herbe, en leur faisant déprimer les prairies temporaires. Le prix du lait en chute libre n’aide pas les trésoreries. » Bien qu’engagé dans deux cahiers des charges AOP cantal et saint-nectaire, le lait classé en super A affiche un prix payé de 322 €/1 000 l, contre 365 € en 2015. Le décrochage de 60 €/1 000 l entre 2014 et 2015 a déjà fait perdre plus de 25 000 € à Christophe l’an passé.