Dans le cadre d’un projet de lutte raisonnée contre les campagnols des champs, entre Colombe et Grand-Lemps, quelque 33 nichoirs et 60 perchoirs ont été installés dans des parcelles de semences. Fruit d’une coopération inédite entre des producteurs de semences fourragères, la FDGDon (1) Isère, la LPO (2), les chasseurs et le département qui finance l’opération, ce projet a vu le jour fin 2013. Objectif : favoriser l’installation des busards cendrés, faucons crécerelles et chouettes, afin qu’ils puissent jouer un rôle de régulateur de la population des rongeurs. Philippe Rivat, producteur de semences fourragères (35 ha) et de semences de blé, pois et orge hybride (50 ha), s’en réjouit. « À la suite de l’interdiction de la chlorophacinone, fin 2010, sans aucun produit de remplacement utilisable, la population de campagnols a décuplé sur notre territoire, explique-t-il. Pendant deux ans, j’ai dû abandonner la production de semences fourragères, dont les rongeurs raffolent. J’estime la perte économique à 7 000 € sur les parcelles en première année de production et, en moyenne, à 30 % de perte de rendement par hectare sur les contrats en deuxième et troisième années de production. »

En 2014, avec l’arrivée d’une nouvelle substance active sur le marché, la bromadiolone, dont l’utilisation est conditionnée à la mise en place de méthodes préventives, Philippe a repris son activité de semences fourragères. Il s’est joint au projet collectif de lutte raisonnée mis en place dans son secteur.

Une réussite

Une quinzaine de perchoirs et une dizaine de nichoirs ont été mis en place sur ses parcelles. « Compte tenu de la diminution des refuges naturels des rapaces, l’installation de ces équipements est indispensable pour favoriser leur reproduction dans la zone d’action et augmenter leur pression de prédation », explique Philippe. Les rapaces viennent en complément de la lutte chimique. « Leur pression sur les populations de campagnols permet de réduire les doses de matière active, poursuit-il. Cette année, j’ai traité mes parcelles à deux reprises au bromadiolone, à raison de 200 g/ha, au lieu des 7 kg/ha autorisés. »

Après deux années d’expérimentation, le producteur de semences se dit satisfait : « Les dégâts de campagnols sur mes parcelles ont été notablement réduits. » À terme, il espère même ne plus traiter, et laisser faire les rapaces et les renards, que les chasseurs se sont engagés à moins traquer. Au total, 80 nichoirs et 200 perchoirs amovibles doivent être installés dans la plaine de Bièvre. Ces équipements sont construits et mis en place par l’Association pour adultes et jeunes handicapés de Beaurepaire.

(1) Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.

(2) Ligue pour la protection des oiseaux.