Lorsque le publicitaire avec lequel ils ont travaillé leur a proposé d’appeler leurs veaux « Grain de soie », Claude Dabadie, Joël Vidou et Christian Cazenaves n’étaient pas du tout convaincus. Ils auraient choisi un terme plus rustique, évoquant le terroir local. Pourtant, cette « signature haute couture » fonctionne très bien auprès des boucheries traditionnelles haut de gamme et des restaurateurs. Depuis son lancement, fin 2013, elle a conquis de hauts lieux de la gastronomie parisienne, comme les restaurants le Meurice, Lucas Carton ou Park Hyatt Paris-Vendôme. Elle a été également servie aux ministres lors de sommets européens.
Il faut dire que les trois amis ne ménagent pas leur peine pour promouvoir leur produit. Claude Dabadie, éleveur à Luquet, et Joël Vidou, à Bonnefont, en Hautes-Pyrénées, sont en charge de la communication et de la recherche de clients. Régulièrement, ils organisent des dégustations pour les bouchers et les restaurateurs, et assurent des animations sur les points de vente et dans des salons professionnels. La marque commence à être connue et les recrutements de clients se multiplient. « Nous nous engageons à livrer un seul boucher pour 50 000 habitants, afin d’éviter la concurrence, explique Christian Cazenaves, abatteur distributeur à Ibos. Nous livrons la France entière et nous avons trois bouchers grossistes pour approvisionner les restaurants. »
Une belle plus-value
Mais si les ventes se développent, c’est aussi parce que le produit est excellent. Les soixante-dix éleveurs de l’association le Bel’Occitan, adhérents de la filière Grain de soie, sont tous dans le piémont pyrénéen, traditionnelle terre d’élevage de veaux sous la mère (VSLM). Issus de race à viande, les animaux sont élevés selon le cahier des charges du label rouge et abattus à 168 jours maximum, entre 90 et 170 kg de carcasse. Chaque lundi, Christian Cazenaves les collecte dans les fermes et les mène à l’abattoir voisin de Bagnères-de-Bigorre. Il sélectionne les meilleurs et les paye aux éleveurs 10 €/kg, contre 8 € pour les autres veaux label. 50 centimes par kilo sont prélevés pour la communication.
« Cette production était oubliée de tous et noyée dans la masse, soulignent Claude et Joël. Nous souhaitons lui redonner une plus-value et motiver les éleveurs, afin qu’ils soient fiers de leur travail, mais aussi pour qu’ils puissent en vivre. Cela crée une émulation sur le terrain, il essaient tous d’avoir un veau sélectionné. »
Chaque semaine, dix à douze veaux Grain de soie sont commercialisés dans toute la France. Claude et Joël ne sont pas rémunérés pour la promotion qu’ils réalisent, mais ils ont leurs entrées au Meurice, à l’Elysée et au Sénat… Une belle récompense !