Les quotas sont morts, vive les quotas ! Ainsi peut-on évoquer de manière cynique les mesures prises à Bruxelles le 18 juillet pour tenter d’endiguer le flot européen de lait. Ce surplus débridé, qui trouve sa source dans des perspectives trop optimistes en matière d’exportations. Les 150 millions d’euros, pour inciter les producteurs à freiner, semblent bien idéalistes, même en ajoutant le patchwork supplémentaire de mesures prévues, à hauteur de 350 millions d’euros, abondés éventuellement par les États (lire en page 14).

Les modalités d’attribution de ces aides permettront de savoir si elles produisent surtout un effet d’opportunisme, ou si elles contribuent à assainir la situation. Et si c’est la règle du premier arrivé premier servi qui prévaudra.

À force d’avoir laissé entendre que le marché libre était le meilleur système, des producteurs, aux quatre coins de l’Europe, ont aussi fini par s’en convaincre ; préférant tenir vaille que vaille, quitte à aménager des plans de trésorerie ou d’amortissement, dans l’attente de jours meilleurs.

Avec la fin des quotas, la discipline laitière a fait long feu. L’arrivée d’une aide à la « non-production », dont le montant pourrait s’établir autour de 140 euros les 1 000 kg, est à mettre en parallèle avec le niveau de baisse du prix du lait « tenable », dans le cadre d’une stratégie d’accroissement de volume. Sans interprofession active sur la gestion de l’offre et de la demande, et sans organisation de producteurs véritablement impliquée dans l’équilibre des marchés, les positions entre pays, régions, entreprises et individus n’en paraissent que plus désordonnées. Et c’est plutôt à qui régulera le dernier sa production !

Toute chose n’étant pas comparable par ailleurs, un petit coup d’œil chez nos voisins suisses (lire en page 5) laisse penser que le courage d’accepter une baisse du chiffre d’affaires, pour mieux protéger un marché, devient un moindre mal lorsque cela préserve des entreprises.