Le centre d’engraissement de Saint-Martial-le-Vieux poursuit, malgré lui, une bataille juridique saugrenue. Alors que les deux bâtiments sont terminés et les premiers broutards rentrés, les démêlés juridiques se prolongent face à l’acharnement de l’association creusoise LPEA (Lumière sur les pratiques d’élevage et d’abattage), ex-ODEA (Oui à l’étourdissement dans les abattoirs), soutenue par l’association antiviande L214. Après les rumeurs (démenties) de l’an passé au sujet d’un abattage selon un rituel halal, pour un envoi des animaux vers le marché maghrébin, et de l’importation massive de soja, c’est dans une faille d’ordre administratif que la LPEA s’est engouffrée.

En cause, le non-respect de la date d’ouverture du centre, qu’un délai légal de trois ans de travaux fixait au 8 janvier 2016. Le 29 juillet dernier, le tribunal administratif de Limoges a rendu une ordonnance selon laquelle le juge des référés suspend le refus du préfet de la Creuse de constater la caducité de l’arrêté préfectoral du 8 janvier 2013. La SAS Alliance Millevaches, qui a fait appel devant le Conseil d’État, attend une réponse d’ici à la mi-septembre. Elle est soutenue par le ministère de l’Agriculture et la Fédération nationale bovine (FNB). Le ministère de l’Écologie s’est quant à lui défaussé. La LPEA a également engagé depuis novembre dernier une procédure pour « conflit d’intérêts » à l’encontre de trois actionnaires et élus de la SAS.

Une dynamique économique locale

« Notre projet est cohérent et respectueux de l’environnement et du bien-être de nos animaux. Nous sommes droits dans nos bottes ! » soutiennent Michel Lacrocq et Gilbert Mazeaud, éleveurs et respectivement président de la SAS et chargé de la communication de la structure. Celle-ci regroupe 45 actionnaires éleveurs du plateau de Millevaches.

« Alors que le marché du broutard sur l’Italie a régressé de 1,3 million à 750 000 animaux en dix ans, le centre est une solution pour générer localement de la plus-value, renforcer la viabilité de nos exploitations afin de pouvoir installer des jeunes et continuer à développer une économie locale basée sur l’élevage. Un projet collectif est aussi une émulation pour une profession en situation difficile », poursuivent-ils.

Un jeune directeur, Baptiste Cheix, est en fonction depuis le 15 février 2016. Une seconde embauche était prévue pour septembre. Les deux bâtiments de 500 places permettront la finition de 1 200 à 1 400 jeunes bovins, vendus sous contrat à la SVA Jean Rozé. Leur alimentation est à base de matières premières régionales, l’eau est issue d’un forage sur le site et les fumiers sont valorisés par une unité de méthanisation.