Bis repetita : quasiment un an après, la France se retrouve confrontée à un nouvel épisode de crise aviaire. Certes pas avec la même souche, ni avec le même mode de propagation, mais avec un sérotype, H5N8, réputé hautement pathogène (voir page 16). Pourquoi une telle récurrence ? On ne sait pas encore bien l’expliquer, ce qui montre que la pathologie garde une part de mystère. Une tuile, en tout cas, à l’approche de la grosse période de consommation, et qui va nous empêcher de réexporter du foie gras hors d’Europe. Après les pertes de production et les efforts déployés par les éleveurs, tant au niveau vide du sanitaire (trois mois durant) que des investissements en matière de biosécurité, le désarroi est forcément grand.

Des voix s’interrogent du reste sur l’adéquation des mesures prises, draconiennes l’an passé, alors qu’un certain consensus apparent semblait régner sur leur pertinence. Comme ces vétérinaires émérites du Sud-Ouest, spécialistes de l’aviculture, qui jugent « disproportionnées les mesures sanitaires prises en 2015 en regard de la réalité de la présence de virus IAHP, sans mortalité chez les palmipèdes (et très peu chez les autres volailles) ». Les abattages massifs ont du mal à être acceptés. Et les élevages traditionnels du Sud-Ouest, sous label et souvent de taille modeste, se sentent menacés, à cause notamment de l’exigence de confinement.

Plus que l’an passé, d’autant que la contamination viendrait du ciel et non plus du sol, l’administration va devoir expliquer et justifier ce qu’elle demande aux éleveurs si elle veut que l’action sanitaire réussisse. Ce n’est pas seulement avec la coercition que le message peut passer… Ce qui est sûr, c’est que l’on a encore besoin de progresser dans la connaissance de la pathologie. Disposer de tests de dépistage plus rapides, moins onéreux et plus fiables serait un grand pas. Il va falloir s’adapter à la présence probablement plus fréquente de ces virus.