Le classement d’une commune en zone dite « défavorisée » s’apparente à celui des zones AOP (appellation d’origine protégée). Cruelle réalité des zonages en tous genres : être dedans… ou dehors !
Concernant le tracé des zones AOP, le législateur d’antan s’était inspiré de savoir-faire pour typer et fixer une production sur un territoire donné. Au gré des évolutions de marché, on voit bien aujourd’hui les contrastes, et les envies, que cela a fait naître entre des communes « irriguées » par cette source de valeur ajoutée et celles qui restent à côté.
Pour les zones défavorisées, ou encore à « handicaps naturels », les allers-retours actuels montrent que les critères trouvés restent trop aléatoires. Nombreux, peu lisibles, interprétables de manière folklorique… et politiques, ils souffrent d’un manque de légitimité partagée. Ainsi, les communes et les Régions avancent-elles en ordre de bataille dispersé pour défendre leur bout de gras. Un bout de gras qui, à travers le versement d’ICHN, met tout de même en jeu quelques milliers d’euros pour les exploitations visées par ce mode de classement (lire « A la Une » en page 22). Malheur à celles situées sur une commune dont le maire n’aurait pas assez perçu l’enjeu. Pour tenter d’utiliser sa marge de manœuvre par rapport au cadre européen, le gouvernement doit jouer les marionnettistes : faisant remonter tel seuil et baissant tel autre pour tenter d’ajuster ce qui peut l’être. Les zones « défavorisées simples » qui recouvrent souvent un tissu d’élevages fragilisés, sont au cœur de cette « manipulation » : pas assez difficiles pour être vraiment aidées mais avec assez de contraintes pour ne pas pouvoir jouer dans la même cour de compétitivité que des régions plus propices.
Mais le plus étonnant vient du fait que le système actuel d’attribution des aides n’encourage pas vraiment l’initiative locale. Certaines communes qui ont fait œuvre de dynamisme peuvent, en effet, se trouver exclues du périmètre d’aides, sous prétexte d’avoir essayé de surmonter leur handicap et d’en tirer quelques résultats…
Les mois à venir ne seront pas de trop pour lever une forme d’opacité et combler les trous d’une carte pas aboutie.