Des décisions récentes concernant les produits phyto interpellent. Fin juillet, les députés ont acté l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. Dans ce dossier, ils n’ont pas suivi les positions de l’Anses, autorité compétente en la matière, et ont été surtout sensibles aux demandes des organisations non gouvernementales, à l’origine d’une pétition de plus de 600 000 signatures. Interdire des molécules dans des délais aussi courts risque de mettre les producteurs dans des impasses. Les solutions de remplacement ne se trouvent pas du jour au lendemain. Sans néonicotinoïdes, que se serait-il passé cette année avec la JNO sur céréales, compte tenu d’une lutte en végétation moins efficace et difficile à positionner ?
La ministre de l’Écologie, très active sur ce dossier, a aussi été en pointe à Bruxelles pour l’interdiction du glyphosate. Faute de majorité qualifiée pour renouveler la licence de la molécule, la Commission a décidé mi-juillet une prolongation temporaire de dix-huit mois. Partisans et défenseurs du glyphosate s’affrontent avec des études aux conclusions opposées concernant le risque cancérogène de la molécule. Là encore, le gouvernement privilégie la position d’ONG par rapport aux préoccupations des producteurs. Autre sujet sensible pour Ségolène Royal : les perturbateurs endocriniens. Mi-juin, la Commission européenne a publié les critères de définition les concernant. À plus long terme, cela pourrait entraîner le retrait de molécules phytosanitaires.
Retirer des produits est normal si des études montrent de manière indiscutable leur dangerosité. Mais interdire est une chose, disposer d’alternatives efficaces en est une autre. Ainsi, à la suite de l’interdiction du diméthoate par la France, Rémi Vernet expliquait la semaine dernière dans La France agricole qu’il doit désormais faire huit passages d’insecticides sur ses cerisiers au lieu de deux. Et cela « sans résultat probant ». Conséquence : il va arracher un hectare !