Les épandages phytos sont une source en progression de conflits de voisinage. Si la viticulture est en première ligne, le détonateur ayant été l’affaire de Villeneuve-de-Blaye avec des élèves incommodés, il faut être conscient que les autres secteurs de l’agriculture (particulièrement l’arboriculture) vont eux aussi devoir gérer cette épineuse question.

Ne serait-ce que parce que le législateur s’est emparé de la question : dans la loi d’avenir, pouvoir a été donné au préfet de fixer des distances minimales d’exclusion vis-à-vis de sites sensibles. Après un premier arrêté en 2014 visant les parcelles viticoles et arboricoles jouxtant des établissements scolaires, le préfet de Gironde a durci, fin avril, les restrictions d’épandage, en les étendant aux crèches, garderies, aires de jeux, centres de loisirs et établissements de santé. Ce cas précurseur mérite une attention particulière car le département est le laboratoire des pouvoirs publics. L’intention est qu’à terme tout le territoire national soit concerné.

Dans de telles conditions, il va falloir viser juste avant de sortir son pulvérisateur tant les restrictions horaires sont importantes, et probablement traiter de nuit, à condition… que les autorités abrogent d’autres arrêtés relatifs aux bruits de voisinage ! Certaines parcelles risquent d’être abandonnées. D’autres tenteront le bio, même si l’un des deux épandages mis en cause à Villeneuve-de-Blaye était un fongicide autorisé AB. Comme quoi, le sujet n’est pas si simple. Certains planteront des haies mais avant d’attendre les 3 m requis, il faudra du temps, ou investiront s’ils le peuvent financièrement dans les panneaux récupérateurs.

La profession agricole a de toutes manières intérêt à être proactive et à intégrer dès à présent cette nouvelle demande sociétale, en allant au-devant des populations. Cela passe aussi par la prévalence du bon sens vis-à-vis du voisinage. Reste aussi à faire admettre que l’on ne construit plus de sites sensibles à moins de 50 m des parcelles agricoles...