Les mouvements des cours des céréales, de faible ampleur, ont principalement été dictés cette semaine par les fluctuations des taux de change (le dollar s’étant légèrement replié ces derniers jours) et les ajustements techniques des acteurs financiers à Chicago (gestion de leurs portefeuilles d’actifs en fin d’année).

Dans ce contexte, sur fond d’activité réduite, les prix des céréales se sont globalement maintenus. Le blé rendu Rouen a regagné 2 €/t depuis la semaine dernière, à 168 €/t, tandis que le contrat de mars sur Euronext est quasi stable, à 168 €/t lui aussi. Sur la scène internationale, le Gasc égyptien est revenu aux achats. La Russie a de nouveau remporté la part du lion, avec 175 000 tonnes à 197,5 $/t en moyenne fret compris, l’Ukraine empochant 60 000 t à 197,2 $/t.

Élément intéressant : aucune offre n’a été faite en blé argentin, alors que cette origine avait été la moins chère lors du précédent appel d’offres, ce qui lui avait permis de décrocher 120 000 t. La récolte argentine qui s’achève confirme pourtant son niveau élevé : la Bourse de Buenos Aires, qui maintenait jusqu’ici une estimation de production nettement plus basse que la plupart des observateurs, a brusquement remonté son chiffre. Il y a désormais consensus sur une production dépassant 15 millions de tonnes (Mt).

L’absence de l’Argentine dans le dernier appel d’offres du Gasc pourrait signifier que cette origine ne compte pas se lancer dans une course au moins-disant avec la Russie pour conquérir le débouché égyptien. Si cela se confirmait, cela écarterait le risque d’un scénario susceptible de tirer les prix à la baisse. La Russie va en effet devoir maintenir un rythme d’exportation exceptionnellement élevé sur la deuxième moitié de campagne pour alléger ses stocks colossaux attendus à la fin de juin, ce qui lui impose d’être compétitive sur l’Égypte.

L’autre information de la semaine est l’appel d’offres lancé par le Maroc pour 360 000 t de blé européen et autant pour du blé US. Les cours du blé à Chicago ont par ailleurs été poussés légèrement à la hausse par les très bonnes statistiques hebdomadaires d’exportation de l’origine US.

En orge, la situation est encore plus calme qu’en blé. Les cours sont quasi reconduits par rapport à la semaine dernière, à 140 €/t rendu Rouen, à 162 €/t Fob Creil pour l’orge brassicole d’hiver et 193 €/t en variété printemps.

En maïs, la très faible activité du marché hexagonal conduit à une stabilité des cours, avec un Fob Bordeaux à 167 €/t. À l’international, les prix à Chicago ont connu un sursaut (excessif) au début de la semaine du fait de rachats de positions vendeuses par les fonds, avant de corriger dès le lendemain. Les prix US sont néanmoins repartis en légère hausse ces derniers jours.

En Europe, les prix restent également soutenus par les difficultés d’acheminement du sud-est vers le nord de l’UE, en raison des basses eaux du Rhin et du Danube. Globalement, le marché est toujours sous l’influence d’une récolte record aux États-Unis qui inonde le marché mondial, alors que la France fait face à une production en berne, marquée par de faibles rendements (les plus bas depuis 10 ans). Le maïs est en outre confronté à la concurrence du blé dans l’alimentation animale du fait de l’offre abondante en céréale à paille. L’année a aussi été marquée par la situation de la Chine, qui continue de se débattre avec des stocks pléthoriques.

Oléagineux : les pluies argentines détendent le marché

Sur le marché de Chicago, le soja a d’abord progressé cette semaine, dopé par les craintes de sécheresse dans certaines poches de la région de Buenos Aires, une zone clé pour la production argentine de soja. Le temps très sec qui durait faisait en effet peser le risque d’une réduction des emblavements par rapport aux prévisions, la fenêtre de tir pour les semis prenant fin dans les semaines qui viennent. Les esprits se sont calmés avec l’arrivée des pluies. Il reste bien quelques zones en déficit hydrique, mais les analystes n’y voient plus une menace susceptible de soutenir les cours. Les prix du soja se sont ainsi repliés à Chicago, tout en maintenant une petite progression par rapport à la semaine dernière (+3 $/t à 369 $/t). Par ailleurs, l’arrivée très précoce cette année de la récolte brésilienne va exercer une concurrence plus tôt que d’habitude face à l’origine US.

Ce redémarrage à la baisse du soja (relançant la tendance baissière à l’œuvre depuis la fin du mois de novembre) a entraîné le colza à sa suite. Cela s’ajoute à la pression exercée par le marché des huiles, actuellement lourd. La trituration est en effet en nette hausse pour le soja et le tournesol en Argentine sur la période de janvier à novembre (comparativement à l’an passé), et atteint des records en tournesol en Ukraine depuis le début de la campagne (septembre-novembre). Ainsi, malgré la petite remontée des cours du pétrole, le cours du colza rendu Rouen cède 3 €/t depuis la semaine dernière, à 405 €/t.

Le tournesol s’est lui aussi affaissé dans ce contexte lourd en huile (niveaux de trituration élevés en Argentine et en Ukraine) avec en outre des récoltes très abondantes en Russie et en Ukraine. À Saint-Nazaire, le prix du tournesol recule ainsi de 5 €/t sur une semaine, à 385 €/t.

Tourteaux : orientés à la hausse

Le prix des tourteaux de soja à Chicago a rebondi après avoir atteint un niveau bas la semaine dernière. Ce redressement a été suivi par la cotation du tourteau de soja à Montoir, qui atteignait ainsi 366 €/t cette semaine (+8 €/t). La portée du phénomène est toutefois à relativiser, car les volumes échangés étaient très faibles en cette fin d’année. L’encéphalogramme reste plat pour les pois, à 220 €/t en départ Marne (inchangé depuis la fin de novembre).

À SUIVRE : fin des semis de soja en Argentine, avancée de la récolte de soja au Brésil, positionnement du blé argentin face aux origines concurrentes, dynamique des achats égyptiens et indiens en blé, effets du froid dans les grandes zones de production de céréales (USA, mer Noire, Europe), taux de change et prix du pétrole.

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