« Nous croyons au collectif à condition qu’il reste aux mains de la base si elle décide de se prendre en charge », a déclaré Christine Lairy en préambule des rencontres. Cette éleveuse de l’Ille-et-Vilaine a été entendue lors de ce rendez-vous annuel organisé en marge du Space par Trame et la FRGeda de la Bretagne. Les agriculteurs présents ont encouragé leurs pairs à reprendre le contrôle de leurs organisations.
À l’image de Christophe Baron, producteur de lait dans l’Ouest et président de Biolait, qui a témoigné le mercredi 14 septembre 2016. « Si Biolait a été créé, c’est parce que les laiteries existantes (en l’occurrence, dans son cas, Entremont), ne respectaient pas les contrats signés avec les producteurs de lait bio. Aujourd’hui nous discutons toujours pour savoir comment nous nous développons, jusqu’où nous voulons aller dans la filière pour que les producteurs gardent la maîtrise de la structure créée. Et c’est l’assemblée générale qui tranche sur les décisions majeures. »
Autre expérience celle de Jean-Louis Le Normand, éleveur dans le Morbihan, qui raconte les multiples étapes pour créer un abattoir de producteurs dans son département. « Entre les abattoirs qui ferment, ceux qui deviennent monoespèce, ceux qui ne veulent plus recevoir les agriculteurs qui abattent pour la consommation domestique et ceux qui veulent développer la vente directe, les conditions sont réunies pour cet abattoir de producteurs. C’est long mais indispensable. ».
Quant à Christian Le Lann, président de la nouvelle AOP laitière Grand Ouest qui a moins d’un an, il avertit : « Si on ne se défend pas collectivement, l’individualité ne passera pas. Notre première tâche a été de faire du lobbying à Bruxelles pour défendre la régulation volontaire avec compensation financière. »
Méthanisation, économie circulaire et difficultés administratives
Autre sujet le jeudi 15 septembre. Il s’agissait cette fois de montrer que les agriculteurs aussi investissent dans l’économie de leurs territoires. Cette fois, il a surtout été question de méthanisation, d’économie circulaire et de difficultés administratives et financières pour créer ces activités.
Jean-Marc Deshommes, président de GDA dans l’Ille-et-Vilaine, a expliqué pourquoi son association locale de production de bois énergie a été amenée à créer, avec d’autres associations du même département, le CBB ou collectif bois bocage. « Il y a trop de contraintes administratives, pas assez de volumes à proposer. Il faut une volonté politique locale pour que ces filières qui valorisent nos haies prospèrent », a-t-il expliqué.
Daniel Barré, éleveur laitier dans le Finistère, a lui créé une unité conséquente de méthanisation sur son exploitation. Il a mis sept ans pour mener à bien ce projet entre montage financier, opposition du comité de défense et réorganisation de son exploitation. Associé à des partenaires extérieurs il a créé une SAS (société par actions simplifiée). Sa fille, qui commercialisait des fleurs coupées venues de l’Amérique du Sud, produit désormais des roses de pleine terre à proximité. Elle récupère pour cette activité la chaleur dégagée par le méthaniseur de son père.
Créer de la valeur avec ce que l’on a entre les mains, révéler un potentiel qui dort, se recentrer sur le local, telle était l’ambition commune de tous ces témoignages. Vendredi, un dernier déjeuner-débat a lieu sur le thème « Des éleveurs rendent des services écologiques à la nature ».