Les candidats à la présidence de la République de 2017 ont investi le Space à Rennes. D’habitude, ils déambulent au salon international de l’agriculture (SIA) à Paris en février. Mais cette année, primaires obligent, les politiques se sont lancés dans la mêlée quelques mois plus tôt.

« Je n’ai pas attendu aujourd’hui pour m’intéresser à l’agriculture », a d’emblée déclaré François Fillon. Et de rappeler ses faits d’armes : « j’ai créé le premier label rouge viande bovine, j’ai contribué à la construction de filières… » Chacun a avancé sa petite… ou grande expérience de l’agriculture.

Pour Bruno Le Maire qui a été ministre sous la présidence Sarkozy mais dont le projet phare, la contractualisation, a du mal à convaincre.

Un seul n’a pas caché son ignorance : Emmanuel Macron. « Il a été très à l’écoute », souligne Danièle Even, présidente de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor. C’est aussi celui qui a été le plus chaleureusement salué lors de son passage dans les travées du salon mercredi.

La visite a été moins agréable pour Nicolas Dupont-Aignan qui, le même jour, a écourté son échange à huis clos avec les responsables professionnels en leur lançant un « vous n’avez rien compris, je vais voir les vrais paysans ». Alors qu’ils lui expliquaient que l’agriculture française ne pouvait pas faire sans l’UE et que les frontières étaient difficiles à fermer. « Il nous a injuriés », relate Danièle Even encore sous le choc.

Promesses de lendemain qui chantent

Alain Juppé est arrivé jeudi en fin de matinée avec son « identité heureuse », au moment même où Stéphane Le Foll quittait la place : « je suis ici parce que l’agriculture a un bel avenir malgré la crise. Les agriculteurs sont des gens courageux, travailleurs, ils concilient tradition et modernité (…) mais aussi parce qu’ils souffrent et qu’il faut les accompagner ». Le maire de Bordeaux a défendu sa vision de l’agriculture, décrite dans son cahier « Agir pour l’agriculture » d’une cinquantaine de pages.

Tous les candidats à la primaire Les Républicains avaient semble-t-il bien lu le recueil de propositions de la FNSEA. Baisse des charges (compensée par une hausse de TVA), « détransposition » des normes européennes (pour ne pas aller au-delà de ce qui est appliqué en Allemagne) et une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre distributeurs, industriels et agriculteurs figurent au hit-parade des promesses des candidats. Même Jean-François Copé, sur place mercredi et peu connu pour ses prises de positions sur l’agriculture, n’a pas manqué de souligner l’importance d’aider les agriculteurs à se regrouper en organisations de producteurs (OP).

François Fillon a clos le défilé jeudi après-midi à l’issue d’une intervention d’une demi-heure qui lui a permis de livrer « en primeur » sa stratégie « pour une agriculture française forte et conquérante ». Tous ont promis des lendemains qui chantent.

Vendredi matin, c’est Phil Hogan, le commissaire européen à l’agriculture, qui était attendu. Avec moins d’espoir.

Arielle Delest