Profitant de la dynamique des Controverses européennes de Marciac (Gers), le Groupe local de Réflexion, qui réunit une trentaine d’agriculteurs, d’élus locaux et de citoyens du Gers et des Hautes-Pyrénées, a créé son « off », pour décliner le sujet au plus près de ses préoccupations. Thème de cette année : « La coopérative idéale selon les agriculteurs correspond-elle à l’idéal porté par les coopératives ? »

Un débat ravivé par les crises

Les arguments échangés reprenaient les termes des débats nationaux actuels ravivés par les crises successives. D’un côté les coopérateurs « de base » estimaient ne plus avoir la parole dans des grosses coopératives. Florilège des propos entendus : « le bonheur de la coopérative est différent de celui des adhérents. Qu’est-ce que nos parents nous ont laissés ? Des usines que l’on ne peut plus faire tourner ou qui ne nous rémunèrent pas correctement ».

Autre exemple : « pourquoi le privé achète-t-il plus cher ? » « Les coopératives sont au service de leurs adhérents mais elles doivent aussi faire tourner la boutique : au risque de perdre de vue les intérêts des adhérents pour leur intérêt propre ». « Quand elles sont trop grandes, ce sont les directeurs qui font tourner la boutique. Les administrateurs n’ont plus le temps de maîtriser les dossiers ». « Ce que l’on perd chez les agriculteurs, c’est la motivation. Les coopératives sont-elles capables de recréer des groupes pour les motiver, de renoncer au conseil individuel qui met la pression pour passer à un conseil de groupe que l’adhérent peut discuter avec ses collègues ? En conseil individuel les agriculteurs sont plus vulnérables ».

« Lutter pour l’indépendance des adhérents »

En face des agriculteurs actuels ou anciens responsables de coopératives, soulignaient le rôle positif des coopératives : « le privé lui n’ira pas jusqu’au plus petit village. La coopérative aménage le territoire, crée des emplois sur place ». « La coopérative a une politique de prix, normalement elle est transparente. La coop travaille sur le temps long et ne fait de « coups » pour attirer seulement les plus gros livreurs ». « La coopération est un mouvement social qui doit lutter pour l’indépendance de ses adhérents ».

Ou encore : « ce n’est pas la taille de la coopérative qui fait sa politique, c’est la volonté des adhérents. N’oublions pas le principe « un homme une voix ». Les adhérents ont voix au chapitre dans les assemblées générales ». « La question à se poser est : la coopérative a-t-elle rendu service à ses adhérents ? ». « Il n’y a pas de fatalités. Les agriculteurs doivent s’impliquer, y croire, aller aux assemblées générales, agir collectivement s’ils n’en sont pas contents. Vous n’êtes pas contents ? Venez le dire ».

Marie-Gabrielle Miossec