« Entre la vente directe et la grande distribution, nous sommes prêts à devenir une alternative », a déclaré Stéphane Layani, Président du Min de Rungis, lors de la journée nationale des marchés de gros organisée sur ses terres, le 7 avril 2016. D’autres acteurs du secteur ont souligné avec lui l’intérêt de ces centrales d’achats des petits commerces, pour répondre à la demande sociale en produits « locaux et de qualité ». Mieux : « nous sommes créateurs de proximité », annoncent-ils fièrement au travers d’une signalétique destinée aux vitrines des détaillants, lancée ce jour.
Cette stratégie de communication révèle le renouveau de ces outils : depuis deux ans, la vingtaine de marchés de gros quadrillant la France ont réorganisé leur offre, par le développement de carreaux de producteurs locaux notamment, et se sont engagés dans des référentiels de qualité pour répondre à l’évolution de la demande alimentaire.
« Nous représentons un maillage indispensable entre la production, les détaillants et la restauration. Les circuits de proximité, c’est nous », affirment-ils sans ambages. Encore faut-il que le message parvienne jusqu’aux consommateurs, afin de transformer l’essai. Sans oublier les producteurs, dont beaucoup n’y voient encore qu’un « marché pour excédent de production », selon l’expression de l’un d’eux présent dans la salle.
Appel aux producteurs
L’enjeu est d’autant plus grand que les agriculteurs peinent à relever les défis logistiques posés par l’approvisionnement local des restaurants, cantines, épiceries… En particulier pour limiter les coûts du « dernier kilomètre ». Pour Benoît Ganem, président de Val’hor, interprofession française de l’horticulture, « la logistique est aussi importante que la disponibilité du produit ».
Les marchés de gros veulent s’imposer comme pièce maîtresse, et ne pas laisser la place qu’aux coopératives et autres plateformes logistiques. « Nous devons revenir à un plus grand nombre de producteurs sur nos marchés », a ainsi lancé Jean-Paul Auguste, président du groupe Géraud, partenaire des collectivités locales. En d’autres termes : « à chacun son métier, mais mutualisons nos forces », a résumé un participant.
Le monde agricole répondra-t-il à l’appel ? À la chambre d’agriculture d’Ile-de-France, on souhaiterait la mise en place d’une contractualisation, comme dans le secteur de la grande distribution. « Trop difficile à gérer selon le patron de Rungis, ce n’est pas notre métier… » Pas de quoi freiner les discussions pour autant : des « conventions de coopération » sont en cours d’élaboration entre la fédération des Marchés de gros et le duo FNSEA-JA (Jeunes agriculteurs). Un nouveau départ pour producteurs et grossistes ?