« C’est assez impressionnant de voir l’impact de la crise sur les productions de viande porcine et bovine », selon Benoît Dehurtevent du CER France Nord-Pas-de-Calais. Les éleveurs de porcs n’ont plus rien en trésorerie devant eux. Car la crise perdure depuis plusieurs années. « Certains éleveurs envisagent de cesser leur production. »
30 000 € en moins
En production laitière, la dégradation est plus récente : « Ils sont partis d’un prix moyen de 377 € en 2014 pour arriver à 335 € en 2015. Et on prévoit 300 € en 2016. » En l’espace d’un an, sur les clôtures de comptabilité entre septembre et décembre 2015, sur une exploitation laitière moyenne, l’EBE est passé de 83 000 € à 53 000 €.
« Le revenu disponible tombe de 41 000 € à 9 000 € pour un couple », poursuit-il. Sur un quota de 400 000 litres, la chute du prix du lait entraîne à elle seule une baisse du produit et de l’EBE de 30 000 €, soit au final une perte de 75 % du revenu disponible en 2015.
« L’EBE couvre les annuités d’emprunt mais ne permet plus de vivre correctement de son métier. Là où les prairies permanentes occupent une faible partie de la surface, certains éleveurs envisagent de cesser la production en l’absence d’un rebond des cours. » Comme les perspectives de prix du lait sont peu encourageantes, « les gains se feront sur l’optimisation du coût de production et notamment sur le poste des aliments où on constate des écarts importants entre producteurs. »
Aides Fac
Dans le Nord-Pas-de-Calais, 2 100 dossiers Fac (Fonds d’allègement des charges) ont été déposés dont 1 600 sont prioritaires. « Le montant moyen des aides Fac est autour de 5 000 €. Il y a un plafond de 4 000 € pour les producteurs de lait mais un déplafonnement pour les Gaec et les JA. »
Du côté des cultures, l’année 2015 a aussi connu des baisses de prix qui impactent le blé (207 €/t en 2012, 148 €/t en 2014, entre 156 et 145 €/t en 2015), les oléagineux et les betteraves sucrières (de 39 €/t en 2 012 à 25 €/t en 2015). La tendance sera aussi à la baisse du revenu. L’EBE passerait de 52 000 € à 35 000 €, soit un revenu disponible qui chute de 25 000 € à 8 000 € par unité de main-d’œuvre. « La diversification permet à certains d’atténuer les risques inhérents à une production spécialisée. »
Plan d’accompagnement régional
Le conseil régional des Hauts-de-France a mis en place un plan d’urgence avec des audits conseils : « Ils doivent déboucher sur des préconisations et un accompagnement des éleveurs. L’éleveur doit se faire connaître. Après la collecte des d’informations sur l’exploitation (projet, environnement, qualité des sols, moyens de production, analyse des points forts et des points faibles, détection des marges de progrès), il y aura une restitution, par une équipe pluridisciplinaire, et mise en œuvre d’un programme d’accompagnement. »
Il est à noter que CER France Nord-Pas-de-Calais propose un numéro SOS Entrepreneur, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 aux dirigeants confrontés à de grandes difficultés.