Rien de mieux que de déposer des bacs au sol pour analyser la répartition d’un épandeur. Avec le constructeur Pérard, nous avons choisi de tester deux systèmes d’épandage : la table d’épandage et les deux hérissons verticaux.

Afin d’approfondir les résultats, nous sommes partis sur l’épandage de trois produits différents. Un fumier de bovins stocké au champ, dont la densité s’élève à 0,7 t/m3. Un compost humide avec un taux de matière sèche de 30 % et une densité se rapprochant de 0,9, et un carbonate de calcium (chaux), avec une densité de 1,6 t/m³. Les épandeurs, chacun attelé à un tracteur Claas, sont passés tour à tour au-dessus des bacs déposés sur les chaumes derrière une moisson. Soit au total trois passages chacun, pour épandre les trois produits

Protocole et technique

Après chaque passage, nous avons pesé les bacs afin de connaître la répartition, représentée sur les graphiques à l’aide de courbes (voir double page suivante). La chaux était épandue à faible dose à l’hectare. Difficile donc de mesurer, à l’aide de notre balance électronique, les différences de poids infimes entre deux bacs. Pour les courbes, nous nous sommes donc concentrés sur les deux autres produits épandus. L’épandeur Optium CL 200 T à caisse large est équipé d’une table d’épandage. Le second, l’Optium CE 165 C, est doté d’une caisse étroite avec deux hérissons verticaux. Précisons que les deux caisses ont la même hauteur de flanc. La dose souhaitée est de 35 t/ha pour le fumier de bovins. Pour le compost, elle est de 8 t/ha. Le produit est chargé à l’aide d’un télescopique, à hauteur des ridelles. Le chauffeur a roulé à vitesse égale, comprise entre 8 et 9 km/h. Les bacs de 80 × 30 cm étaient alignés sur une largeur de 19 m. Un espace était réservé au centre afin de laisser passer les roues de l’attelage. Pour les deux équipements, le régime de prise de force est de 1 000 tr/min côté tracteur. Le rapport de démultiplication pour la table (disques) est de 2,1. Soit une vitesse périphérique de 30 m/s (108 km/h), et une vitesse périphérique équivalente à 59 km/h pour les hérissons situés dans la hotte. Avec un diamètre de 1 050 mm, les hérissons verticaux ont un rapport de 2,4, soit une vitesse périphérique de 23 m/s (83 km/h). Cette vitesse au niveau des couteaux est inférieure à celle des pales de la table.

Analyse des courbes

En fumier de bovin

La première analyse se porte sur la différence de dose en t/ha entre la table et les hérissons. Ceci s’explique par le niveau d’équipements du CL 200 T. Ce dernier est doté du boîtier Pérard SC 404, qui accueille la gestion de la pesée intégrale associée à un DPAE électronique. Sur la caisse étroite CE 165, nous avions uniquement le potentiomètre en cabine pour faire varier la vitesse du tapis et donc la dose. Cette différence ne modifie pas l’analyse de la répartition. Les piques pour la table (courbe rouge) s’expliquent par des paquets de fumier. Avec les hérissons, la matière dans les bacs apparaît nettement plus émiettée, et répartie de manière plus homogène. Quant à la répartition, elle est correcte, avec une largeur d’épandage de 19 m.

En compost

La forme des courbes témoigne de l’homogénéité du produit. Du fait de sa friabilité, la largeur d’épandage est moins importante. La répartition est plus régulière sur les deux côtés. Bizarrement, les disques de la table forment un creux entre 1,50 m et 2 m, et ce, de chaque côté.

Bilan

Quel que soit le produit, la table épand plus large. Cela s’explique par une vitesse périphérique des disques du plateau supérieure. Son coefficient de variation de 0,2 contre 0,4 (sans prendre en compte le recouvrement avec un aller-retour) pour les hérissons confirme que la répartition est plus régulière. Néanmoins, dans du produit grossier comme le fumier, elle forme des paquets. Ce qu’il faut retenir de ce comparatif : la table est adaptée pour les produits denses et homogènes, et les hérissons pour émietter et épandre des produits grossiers et hétérogènes.