Le rumex a une faiblesse, identifiée il y a plusieurs années par la recherche suisse en quête de solutions de lutte sans herbicide. C’est ce talon d’Achille que cible l’équipement de destruction des rumex de l’entreprise suisse Bachmann. « Les racines de rumex ne supportent pas les fortes chaleurs : plongées 10 secondes dans de l’eau à 80 °C, elles meurent ! Le principe de cette machine est de cuire les racines de rumex à l’eau chaude. Les bourgeons, localisés sur l’écorce au niveau des 10 premiers centimètres de la racine, ne repartent pas », explique Josy Taramarcaz, ingénieur en agriculture biologique à Agridea, Association suisse pour le développement de l’agriculture et de l’espace rural. Il se compose d’une réserve d’eau, d’un dispositif de production d’eau chaude sur un moteur au gasoil et d’un nettoyeur haute pression alimenté par une génératrice d’électricité sur moteur essence. « Ce matériel est placé sur remorque car il est utilisé collectivement. Dix agriculteurs de Neuchâtel l’ont acheté ensemble il y a deux ans, pour 12 000 €. On constate une amélioration dans leurs prairies », indique Josy Taramarcaz.

2 à 3 rumex/minute

L’intervention sur chaque rumex consiste à faire entrer de l’eau à 85-90 °C dans le sol, grâce au jet rotatif du nettoyeur haute pression. Sa buse rotative spéciale, placée perpendiculairement au sol, est enfoncée plusieurs fois autour et sur chaque plante, de manière à former sur 15 cm une enveloppe de boue chaude autour de sa racine. La plante, laissée en place, a peu de chance d’en réchapper. « Le taux de réussite est de 90 % (repousses dans environ 10 % des cas), comparable à celui de l’arrachage. »

Avec un débit de chantier de 2 à 3 plantes éliminées par minute, l’équipement s’avère « deux à trois fois plus rapide que l’arrachage à l’aide d’une fourche à rumex » et beaucoup moins pénible. Bien qu’intéressante pour des placettes avec une forte infestation, cette lutte mécanisée « n’est plus adaptée pour de très grandes surfaces envahies et le travail reste fastidieux au-delà de 2 rumex par 10 m² ! » prévient le conseiller. Surtout, il insiste sur le fait que la maîtrise des rumex nécessite de s’interroger sur les raisons de l’infestation et passe par l’utilisation de tous les leviers disponibles.