L’association Fourrages Mieux, dont les domaines de compétence sont comparables à ceux d’un institut technique, a comparé l’efficacité de différents matériels dans la réparation des parcelles retournées par les sangliers. Les techniciens de Fourrages Mieux ont volontairement écarté la technique de rénovation totale, qui consiste à labourer la parcelle puis à ressemer entièrement la prairie (30 à 35 kg/ha d’un mélange adapté) pour se concentrer sur les solutions de sur-semis (20 kg/ha de ray-grass anglais). Cette dernière technique est celle qui convient pour limiter les dégâts. Le comparatif s’est déroulé en conditions un peu trop humides mais a néanmoins permis de dégager quelques grandes tendances.

Le matériel le plus courant est la herse à prairie qui est adaptée pour sur-semer et rattraper les dégâts. Deux modèles fournis par APV et Güttler ont évolué lors de la démonstration. Pour espérer rattraper les trous laissés par les sangliers, il est indispensable d’utiliser un matériel disposant de lames ébouseuses à l’avant.

Passage impératif d’un rouleau

Selon Fourrages Mieux, elles doivent être réglées de façon à travailler plus intensivement que pour un simple ébousage afin de jouer le rôle de lames niveleuses. Il faut noter que les lames de la herse Güttler sont garnies de deux dents droites qui dépassent de quelques centimètres et réalisent un traitement supplémentaire, juste en dessous de la surface. Derrière, les dents seront elles aussi réglées en position agressive. Après le passage des deux matériels, toute la bande travaillée semble avoir été retournée par les sangliers. Il est donc indispensable de passer un rouleau lourd immédiatement après pour assurer un bon contact graine/sol et supprimer l’aspect « champ de pommes de terre ». Le risque avec le passage du rouleau lourd est d’asphyxier une prairie qui a déjà souffert. En dehors de cet écueil, la solution de la herse à prairie avec réglages modifiés est jugée intéressante, efficace et surtout économique par rapport aux autres techniques testées ce jour-là. La seconde solution présentée est une herse rotative à l’arrière de laquelle est attelé un rouleau lourd prismatique Güttler. Les tubes de descente qui apportent la semence sont placés entre le rouleau de la herse et celui de rappui. Contrairement aux herses à prairie qui doivent travailler en position très agressive, les dents de la herse rotative sont réglées pour une action superficielle. Avec ce système, l’agriculteur économise le passage du rouleau lourd (30 euros/ha) et limite aussi les risques d’asphyxie pour le sol.

Le combiné est efficace mais coûteux

Le dernier outil spécifique testé est un combiné de sur-semis Güttler, le GreenMaster. Testé ici en version 6 m, il offre un débit de chantier nettement supérieur à ses concurrents en 3 ou 4 m. Il se compose d’une herse à prairie suivie d’une trémie pour les semences puis d’un rouleau prismatique. Cet engin est jugé le plus performant pour l’intervention derrière des dégâts de sangliers, à condition de régler correctement la herse à prairie avec des positions agressives. Le GreenMaster peut aussi être employé pour du sursemis mais il se trouve alors en compétition avec des semoirs spécifiques qui offrent une prestation plus économique.

Semoirs à herbe inadaptés à la rénovation

Les techniciens de Fourrages Mieux ont d’ailleurs aussi tenté de réparer la prairie avec ces semoirs à herbe. Un matériel Vredo et son concurrent Aitchison ont donc évolué sur quelques mètres. Le constat est sans appel : ces semoirs ne sont pas du tout adaptés au rattrapage des dégâts !

Conçus pour semer ou sur-semer sans déranger la prairie déjà en place, ils passent sur les trous laissés par les sangliers sans bouger la terre et se colmatent rapidement en roulant sur les mottes de terre. Ces semoirs sont donc à réserver aux parcelles correctement nivelées et ébousées avant leur passage.