Depuis le 1er avril 2016, plus de cinquante substances antibiotiques dites « critiques » sont interdites en élevage, ou leur utilisation est très encadrée. Cette restriction s’inscrit dans le cadre du plan national EcoAntibio 2012-2017, qui vise à limiter les utilisations « inappropriées » des antibiotiques critiques et lutter contre l’antibiorésistance (voir encadré).
Deux grandes familles d’antibiotiques fréquemment utilisées en élevage laitier sont concernées :
Les céphalosporines de troisième et quatrième générations, en particulier le ceftiofur (utilisé pour des infections des pieds, des métrites sévères et les infections respiratoires) et la cefquinome (traitement des infections de l’appareil respiratoire ou locomoteur, et des mammites aiguës).
Les fluoroquinolones, en particulier la marbofloxacine et l’enrofloxacine, utilisées contre des infections respiratoires et des mammites aiguës.
Interdit en préventif
L’utilisation de ces molécules en traitement préventif est désormais interdite. Dans le cas d’un traitement curatif, l’utilisation est limitée à des cas précis, lorsque le recours à d’autres antibiotiques, non critiques, est inefficace. Toute prescription nécessite des tests préalables, pour s’assurer qu’aucune autre molécule ne pourrait être utilisée.
Pour Éric Geay, vétérinaire, membre de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), ces restrictions vont, tout d’abord, entraîner une substitution de molécules. Lors des traitements curatifs, les antibiotiques critiques seront désormais très peu utilisés. « Les contraintes sont trop importantes : les tests représentent un surcoût et prennent beaucoup de temps », estime le praticien. Selon lui, leur substitution par d’autres molécules a pour principal inconvénient d’allonger le délai d’attente avant de remettre le lait dans le tank. Cependant, « les antibiotiques critiques sont commercialisés à un prix plus élevé que leurs substituts. Donc, d’un côté, l’éleveur perd un peu plus de lait, mais de l’autre, il réduit le coût du traitement », nuance Éric Geay.
Il est également possible de recourir à d’autres types de traitements. « Dans le cas de boiteries, l’antibiotique n’est plus systématique. Un anti-inflammatoire peut quelquefois suffire », précise le vétérinaire, qui note le recours de plus en plus fréquent aux médecines alternatives (phytothérapie, homéopathie, aromathérapie…).
Pour remplacer les antibiotiques en usage préventif,« c’est avant tout la médecine préventive qui permettra de réduire les risques d’infection, notamment la vaccination. On agit également en amont, sur l’ensemble du troupeau », ajoute-t-il. L’hygiène rigoureuse des bâtiments, l’alimentation ou encore les techniques de traite sont autant de facteurs déterminants. Pour le tarissement, les obturateurs des trayons constituent une alternative efficace, à condition de les appliquer correctement.