Depuis 28 ans, Jean-Loïc Le Marchand, avec l’assistance complice de sa femme Christine, monte sur les planches le week-end et se transforme en « Marie Guerzaille ». Leur plaisir, après une semaine consacrée à leurs trente-cinq hectares et à leurs 44 vaches ? Raconter des histoires de « comique paysan », dixit Jean-Loïc à grand renfort de mobylettes trafiquées ou de tracteurs se cabrant tel le cheval de Zorro ! Plus grave, cette « folie », ils l’ont transmise à Sandrine et David, leurs deux enfants, qui ont à leur tour entraîné leurs conjoints, abandonnant tous les quatre leur métier d’origine. Aujourd’hui ils sont donc trois couples à proposer trois spectacles différents (800 € la représentation) bâtis sur des histoires burlesques, sans cesse renouvelées par l’actualité, avec un petit zeste de politique, un gros brin de naïveté, beaucoup de bon sens. Et la potion comique marche pour la famille Guerzaille qui compte désormais, en plus de Marie, le Guerzaillou et la Guerzaillette. Et totalise déjà 1,2 million de spectateurs.
Autoconstruction
« Nous avons vu tous leurs spectacles depuis 15 ans », explique ce couple venu depuis Lorient jusqu’à la ferme des « Guerzaille », à Saint-Caradec (Côtes-d’Armor). Car depuis le mois d’avril, en plus des tournées effectuées de novembre à mars, la famille a inauguré une version à domicile de ses spectacles. Le frère de Jean-Loïc, qui assurait la traite du week-end, a pris sa retraite. Les vaches ont été vendues. Et toute la famille a retroussé ses manches pour transformer l’étable en salle de spectacle avec fauteuils rouges, machinerie de professionnel et, bien entendu, les machines infernales qui emballent les spectateurs. Désormais, la famille Guerzaille invite chez elle d’avril à fin octobre, trois jours par semaine : « On fait de l’élevage de touristes », plaisante Jean-Loïc. Et les journées-spectacles sont déjà presque complètes. Cette formule à 29 € par personne séduit particuliers et autocaristes ! Selon l’animatrice de l’office de tourisme de Loudéac, « les autocaristes en redemandent ». Le secret selon Jean-Loïc : « Il n’y a pas de paillettes ici. On cultive la simplicité, la bonne humeur, le contact avec et entre spectateurs. »