«L’autonomie protéique est une de nos priorités », soulignent Christiane et Claude Sabin, en Gaec avec leur fils Aymeric à Ballots, en Mayenne. À la tête de 75 vaches laitières, les trois associés produisent près de 6 800 litres de lait autonome - issu d’une alimentation produite exclusivement sur l’exploitation - par vache. Ce lait représente 89 % de la production totale, qui s’élève à 7 700 l par animal. L’autonomie est largement supérieure à la moyenne des exploitations laitières détenant des prim’holsteins. « Celle-ci se situe autour de 60 % », indique Bertrand Daveau, de la chambre d’agriculture. Avec une production totale d’environ 8 500 l par vache, la part de lait autonome pour ces exploitations est de 5 000 l par animal. La performance du Gaec est liée à un système fourrager diversifié, qui « s’appuie sur un bon équilibre entre les cultures fourragères protéiques et énergétiques », souligne le conseiller.
Méteil et luzerne
Les cultures fourragères « approvisionnent » la ration de base, composée de 11 à 12 kg d’ensilage d’herbe ou de méteil, 5 à 6 kg d’ensilage de maïs épi et 2 kg de luzerne déshydratée. L’apport en concentré acheté varie de 0,5 à 1,2 kg, suivant la teneur en protéines de l’ensilage d’herbe. Celui-ci est récolté sur les 15 à 18 hectares de méteil (avoine, triticale, pois et vesces), qui précèdent la culture du maïs, et sur les 10 ha de prairies de fauche (fétuque et luzerne). Le taux de matière azoté total varie de 12 à 16 %.
L’ensilage de maïs est récolté en épi. Le rendement atteint 8 tonnes de MS (matière sèche) par hectare, avec 1,08 UFL (unité fourragère lait) par kilo de MS. La luzerne, cultivée sur 4,5 ha, est une des clés du système. La récolte représente une charge importante (166 €/t), car elle est déshydratée par une coopérative proche de l’exploitation. Le prix comprend tous les travaux, de la fauche à la livraison. « La dépense pour ce fourrage de qualité, avec 18 % de MAT (matières azotées totales) au moins, n’est pas gênante car elle se substitue bien aux achats de correcteur », précise Bertrand Daveau.
Ces performances se répercutent sur le coût alimentaire. Il se situe à 85 €/1 000 l, soit 20 €/1 000 l de moins que dans les systèmes équivalents en production et en chargement. « En raison des frais de récoltes d’herbe, le coût fourrager est supérieur de 5 €/1000 l à celui de systèmes équivalents, mais celui de concentrés est plus faible de 25 €/1000 l. » Cette gestion constitue un atout pour la transition de l’exploitation en agriculture biologique qu’Aymeric s’apprête à réaliser.