Didier Lambert, à Saint-Denis-du-Maine (Mayenne), n’a pas eu de problème cet automne pour caler les rations de ses 115 charolaises. Depuis dix ans qu’il spécialise son système sur la vente de broutards, il ne s’est jamais retrouvé en situation très difficile pour alimenter ses animaux avec les fourrages de l’exploitation. Il adapte chaque année le plan d’alimentation du troupeau en fonction des récoltes en ensilage de maïs et d’herbe, les deux principaux « ingrédients » des rations. La couverture des besoins reste une priorité pendant l’hiver, car les vaches vêlent majoritairement entre la fin septembre et la fin novembre.
Une surface plus importante en maïs
Si les silos sont pleins, c’est aussi parce que Didier avait prévu large au printemps lors du semis. « J’ai semé 17 ha, explique Didier. Je pensais en récolter seulement 10 en ensilage en me basant sur la moyenne de rendement de 12 à 14 t de MS/ha obtenue ces dernières années. Je prévoyais de récolter le reste en grain et le vendre. » Toute la sole a finalement été ensilée car le rendement moyen n’a pas dépassé 10 t de MS/ha.
En revanche, la qualité n’a pas été trop affectée. La richesse en énergie s’affiche à 0,91 UFL/kg de MS. La teneur en protéines est comme d’habitude et s’établit à 48 g de PDIN par kg de MS et 68 g de PDIE/kg de MS. Le niveau en matière sèche est toutefois très élevé. « Comme je confectionne trois silos, deux « couloirs » et un « taupinière », je ne pense pas avoir de problème de conservation lié à un mauvais tassement, explique-t-il. Le remplissage est réalisé par couches de 20 cm entre chaque tassement de manière à éliminer l’air au maximum. Cela permet aussi de confectionner des stocks homogènes en qualité, chaque parcelle étant étalée sur l’ensemble des trois silos. « Le silo taupinière me sert de sécurité, explique Didier. Je le distribue en fin de saison et au printemps si l’herbe tarde à pousser. Les vaches conservent un accès au bâtiment pour le consommer. »
Luzerne et dérobées pour les protéines
L’ensilage d’herbe devrait rééquilibrer le niveau en protéines du maïs. Didier réalisera prochainement une analyse pour vérifier sa composition. Au besoin, il ajustera mais il n’est pas trop inquiet sur la qualité car les récoltes ont eu lieu dans les temps. Celle des hectares de ray-grass × trèfle incarnat s’est déroulée fin avril à la bonne date. « Les rendements, entre 3 et 4 t de MS/ha, sont un peu inférieurs aux années normales, en raison du froid enregistré au printemps. »
Ce silo a été complété par la première coupe d’une dizaine d’hectares de luzerne. Les deux coupes suivantes sont récoltées en foin. Elles prennent place à côté des balles réalisées sur 45 ha de prairies, dont une partie n’est pas incluse dans la SAU de l’exploitation. « Je coupe une quinzaine d’hectares chez des voisins pour nettoyer des parcelles », précise Didier. Enfin, les stocks comprennent un petit silo de 3,3 ha de méteil (50 % de blé, 25 de triticale, 12,5 de pois et 12,5 de vesce) qui est distribué en fin d’hivernage dans la ration des vaches.
Un sevrage plus précoce
Cet été, Didier n’a pas apporté de fourrages au pâturage. Même si la pousse de l’herbe est restée modeste, elle a suffi pour couvrir les besoins des vaches en milieu de gestation. « D’autant que j’ai vendu mes broutards début juin, un mois plus tôt que d’habitude », ajoute Didier. Ils pesaient 290 kg en moyenne et sont partis pour le marché turc.
D’habitude, ils sont vendus plus lourd sur un autre marché. Les broutards sont partis tôt et n’ont pas puisé dans les stocks comme les années passées. Quand la pousse de l’herbe s’essouffle en juin et avant la vente, ils reçoivent un mélange comprenant un concentré du commerce spécial broutard avec des céréales de l’exploitation. Ce complément leur est distribué début décembre, dès qu’ils atteignent un mois d’âge.
Groupage des vêlages
Pas de problème pour confectionner les rations des vaches, dont une grande partie a déjà mis bas début novembre. Elles disposent de 37 kg bruts comprenant 17 kg d’ensilage de maïs, 17 kg d’ensilage d’herbe et 3 kg de paille. « À partir de fin novembre, j’ajoute 1 kg de céréales produites sur l’exploitation pour favoriser la venue en chaleur », précise Didier. L’expression de ces dernières est particulièrement importante puisque Didier insémine la totalité de ses vaches.
Cette pratique limite les besoins de l’exploitation en fourrages. Les 115 vaches conduites en monte naturelle imposent la présence d’au moins cinq taureaux. À 2 t de MS chacun et par hivernage, l’économie s’élève à 10 t de MS. « La conduite de Didier avec des mises bas très regroupées permet aussi de distribuer des rations proches des besoins et de limiter le gaspillage », souligne Romain Guibert, de la chambre d’agriculture.